Le tremblement de terre qui a dévasté le nord-est du Japon en mars dernier a permis de mieux comprendre comment prédire le risque de tsunami. Trois nouvelles études publiées dans la revue Science font état d'avancées importantes dans la compréhension des séismes.

«C'est le séisme le plus étudié de l'histoire», explique Shaocheng Ji, ingénieur géologique de l'École polytechnique qui a étudié en détail celui du Séchouan en 2008, et à qui La Presse a demandé de commenter les études de Science. «Avoir des études aussi poussées seulement deux mois après l'événement montre qu'on avait énormément de données et que beaucoup de personnes les ont analysées. On pensait par exemple jusqu'à maintenant que les glissements de terrain des séismes allaient dans une seule direction. On voit dans celui-ci que ce n'est pas le cas, qu'il y a eu des glissements dans plusieurs directions, en succession. C'est ce qui explique qu'on ne pensait pas qu'il pourrait y avoir un séisme de magnitude 9 sur l'échelle de Richter dans cette zone, mais plutôt une amplitude maximale de 8.»

L'auteur de l'une des études, Satoshi Ide, de l'Université de Tokyo, a notamment établi comment calculer l'ampleur d'un tsunami en fonction de la direction du mouvement des plaques tectoniques.

«On savait généralement que le tsunami a plus d'énergie quand le mouvement des plaques va vers le haut, mais on ne connaissait pas l'ampleur de cette relation, dit M. Ide en entrevue téléphonique. Le tsunami du 11 mars a heureusement été moins important parce que le mouvement allait vers le bas. À terme, cela pourrait aider à mettre sur pied un système permettant de prédire immédiatement après le séisme l'ampleur du tsunami. Un séisme moins important de 1896 a généré, par exemple, un tsunami beaucoup plus important.»

Le tsunami du 11 mars a entraîné sur la côte des vagues d'une hauteur allant jusqu'à 15 mètres et fait la majorité des 15 000 victimes de la catastrophe naturelle.

Une autre étude, menée par une équipe franco-nippo-américaine, a avancé qu'un autre séisme aussi dévastateur pourrait frapper les régions plus au sud. «Ce qu'on sait maintenant, c'est que les tremblements de terre importants sont plus fréquents que prévu dans cette région», dit M. Ji.

Ces nouvelles connaissances obligeront-elles à réévaluer le risque sismique au Canada? «Sur la côte Ouest, oui, particulièrement près de l'île de Vancouver, dit M. Ji. Mais pas dans l'est du Canada.»