La NASA s'apprête à lancer jeudi deux sondes qui doivent établir une carte précise des structures internes de la Lune, permettant de mieux comprendre son évolution, mais aussi celle de la Terre.

«GRAIL -Gravity Recovery and Interior Laboratory- va percer les secrets de la Lune et nous aider à comprendre comment notre seul satellite naturel ainsi que la Terre et les autres planètes rocheuses ont évolué», explique Maria Zuber, du Massachusetts Institute of Technology (MIT), directrice scientifique de cette mission.

Les deux sondes GRAIL A et B vont effectuer des mesures très précises de la gravité lunaire, révélant la répartition des masses, ainsi que l'épaisseur et la composition des différentes strates internes de la Lune jusqu'à son noyau.

Elles seront placées sur la même orbite basse, quasi-polaire autour de la Lune, et se suivront.

Quand elles survoleront des zones exerçant différentes forces gravitationnelles résultant de la présence par exemple d'une montagne, d'un cratère ou d'une masse sous la surface, les deux sondes se rapprocheront ou s'éloigneront légèrement l'une de l'autre.

Des instruments à bord mesureront très précisément ces changements dans leur vitesse relative respective. Les scientifiques traduiront ensuite ces données pour établir une carte haute définition du champ gravitationnel de la lune.

Cette même technique, qui permet une précision de deux à trois microns, plus fine qu'un cheveu, est utilisée pour mesurer la gravité terrestre depuis 2002 avec les sondes GRACE.

GRAIL A et B seront lancées ensemble par une fusée Delta 2 de la base aérienne de Cap Canaveral en Floride jeudi 8 septembre.

La fenêtre de tir s'ouvrira à 8h37 et se refermera à 9h16. Un lancement sera possible jusqu'au 19 octobre. Sinon, après cette date, il faudra attendre plusieurs semaines l'ouverture d'une nouvelle fenêtre.

Trois mois et demi seront nécessaires pour que les deux sondes arrivent à destination, parcourant 4,2 millions de kilomètres pour l'une et 4,3 millions de km pour la seconde.

Cette longue trajectoire pour atteindre l'orbite lunaire -la distance moyenne directe de la Terre à la Lune est de 384 403 km- s'explique par les différentes manoeuvres que doivent effectuer GRAIL A et B pour se mettre sur la bonne orbite de la Lune.

À leur arrivée, les deux sondes mettront encore deux mois pour ajuster leur orbite et se retrouver sur la même trajectoire orbitale lunaire.

Leur mission de mesure des forces gravitationnelles de la Lune proprement dite prendra 82 jours.

Pesant environ 200 kilos et de la taille d'une machine à laver, GRAIL A et B sont quasi identiques. Elles sont alimentées en électricité par deux panneaux solaires et une batterie au lithium.

Construites par Lockheed Martin, elles sont propulsées chacune par un moteur à hydrazine pour l'insertion sur orbite lunaire, complété par huit petits propulseurs pour le contrôle de l'altitude et autres manoeuvres.

Depuis le début de l'ère spatiale en 1957, la Lune a été l'objet de 109 missions dont six habitées du programme Apollo de la NASA qui a permis à douze êtres humains de marcher sur le sol lunaire et de ramener 863 kilos de roches et poussière qui continuent à être analysées aujourd'hui.

Une étude, fondée sur certaines de ces analyses, publiée au printemps dans la revue américaine Science, révèle que l'intérieur de la Lune contient, en proportion, autant d'eau que les profondeurs du globe terrestre.