Le crâne fossilisé d'un Ugandapithecus major, un «grand singe» vieux d'environ 20 millions d'années, a été mis au jour pour la première fois sur les pentes d'un volcan en Ouganda et présenté à Paris par ses découvreurs français.

Des fragments de ce singe arboricole qui vivait sur les flancs du volcan Napak (nord-est de l'Ouganda) avaient déjà été retrouvés par l'équipe qui travaille dans cette région depuis 25 ans, mais jamais un crâne quasi complet et aussi bien conservé n'avait jusqu'à présent été identifié.

«On sait qu'il s'agit d'un jeune adulte car ses canines sont déjà fortes, mais ses molaires ne sont pas encore usées», précise Brigitte Senut, paléontologue au Muséum national d'Histoire naturelle de Paris (MNHN), où elle dévoilait à la presse la trouvaille effectuée le 18 juillet dernier avec des collègues ougandais.

L'Ugandapithecus était un «grand singe» mais de petite taille, à peu près celle d'un gibbon. Au moment où il a été fossilisé par la lave crachée par le Napak, le volcan était vraisemblablement situé dans un environnement tropical humide et fortement boisé, comme l'attestent les nombreux fossiles de plantes et d'animaux (oiseaux, crocodiles, écureuils volants, cochons et très nombreux escargots) trouvés à proximité, explique Mme Senut, qui espère pouvoir trouver son squelette lors d'une prochaine campagne de fouilles.

L'Ugandapithecys vivait «bien avant la bifurcation entre les grands singes actuels et les êtres humains» et ce fossile ne devrait donc pas révolutionner les connaissances sur l'émergence de l'être humain, relève son co-découvreur Martin Pickford, paléontologue au Collège de France.

En revanche, l'étude de ce crâne sera riche d'enseignements sur l'évolution des espèces durant la période qui a précédé cette bifurcation et sur la manière dont un certain nombre de caractéristiques se sont ou non transmises par la suite à d'autres espèces de singes: taille du cerveau, forme des orbites et de la cavité nasale ou encore spécificités de son alimentation...

Déjà, les chercheurs ont pu constater que le crâne présentait des creux caractéristiques que l'on retrouve chez les orangs-outangs modernes et d'autres grands singes eurasiatiques, mais pas chez les chimpanzés ou les gorilles.

«Mieux connaître le vivier qui précède l'histoire de notre famille, c'est particulièrement précieux», a insisté Yves Coppens, l'un des découvreurs de l'australopithèque Lucy, venu au Muséum pour assister à cette présentation.