Un magazine scientifique de renommée internationale critique sans détour le gouvernement conservateur pour ses politiques limitant la liberté de parole des scientifiques canadiens sur leurs travaux.

La revue américaine Nature soutient dans l'éditorial de la publication de cette semaine que le temps est venu pour le gouvernement canadien de libérer ses chercheurs.

Le Canada et les États-Unis ont inversé leur rôle au cours des six dernières années: l'administration américaine a adopté des pratiques plus ouvertes depuis la fin de la présidence de George W. Bush, mais le gouvernement canadien a pris une direction diamétralement opposée, affirme-t-on dans l'éditorial.

Depuis l'arrivée au pouvoir de Stephen Harper, en 2006, le gouvernement conservateur a resserré le protocole d'accès des médias aux scientifiques - et employés -, du gouvernement fédéral.

Les directives sur les politiques de communications gouvernementales, publiées en vertu de la Loi sur l'accès l'information, démontrent que le gouvernement de Stephen Harper a une bien maigre compréhension de l'importance que revêt l'échange d'informations dans le monde scientifique, ajoute-t-on dans l'éditorial.

La revue mentionne que ses propres reporters se sont eux-mêmes butés aux embûches - semées par le gouvernement canadien -, pour contrer ceux qui tenteraient d'obtenir de l'information générée par des scientifiques rémunérés par le gouvernement fédéral.

L'éditorial rappelle par ailleurs une chronique détaillant les difficultés auxquelles font face les scientifiques fédéraux qui avait été publiée dans Nature en septembre 2010. Elle avait été signée par Kathryn O'Hara, professeure de journalisme à l'Université Carleton à Ottawa et ancienne présidente de l'Association canadienne des rédacteurs scientifiques (CSWA).

Peu de choses ont changé au cours des deux dernières années, a déploré Nature dans son éditorial. Plutôt que de tenter de régler le problème, le gouvernement canadien aurait eu tendance à accentuer ses restrictions, selon le magazine.

Il y a deux semaines, la CSWA, la Fédération mondiale des journalistes scientifiques et plusieurs autres groupes ont exigé dans une lettre adressée au gouvernement de Stephen Harper qu'il cesse de «museler» les scientifiques fédéraux.

La lettre citait une série d'exemples bien connus des répercussions de la directive fédérale dans ce dossier. Environnement Canada avait interdit, l'automne dernier, à David Tarasick de s'adresser à des journalistes à propos de ses travaux sur la couche d'ozone après qu'il les eut publiés dans Nature.

La politique canadienne a surpris les participants d'une conférence récemment tenue à Vancouver par l'Association américaine pour l'avancement des sciences, indique-t-on également dans l'éditorial.

L'affaire a par ailleurs été abordée lors d'une rencontre pendant la conférence.

«La marche à suivre est claire: il est temps que le gouvernement canadien libère ses scientifiques», plaide-t-on dans Nature

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