Six volontaires russes et européens se laisseront à partir de mardi enfermer pendant plus de trois mois dans un caisson coupé du monde extérieur pour une expérience destinée à simuler un premier vol habité vers la planète Mars.

Les six hommes, quatre Russes, un Français et un Allemand, seront confinés ensemble pendant 105 jours, de quoi permettre aux experts d'évaluer les effets psychologiques d'un vol de longue durée dans l'espace, dans cette expérience menée à l'Institut russe pour les problèmes biomédicaux (IBMP) à Moscou.Loin d'être une énième déclinaison de l'émission populaire de télévision «Big Brother», il s'agit d'évaluer scientifiquement l'impact d'un isolement prolongé sur le stress, les hormones, le sommeil et l'humeur des passagers.

Cette expérimentation est le fruit d'un projet commun entre l'IBMP et l'Agence spaciale européenne (ESA), et devrait être suivie d'autres tests grandeur nature encore plus exigeants.

L'étape suivante, prévue en fin d'année, consistera à enfermer six personnes dans le conteneur pour 520 jours, soit la durée estimée du voyage aller-retour Terre-Mars.

La planète rouge se trouve à une distance variant entre 55 et plus de 400 millions de kilomètres de la Terre. L'ESA espère pouvoir entreprendre un vol habité aux alentours de 2030.

Pour cette première «mission», les volontaires auront le droit d'emporter des effets personnels, livres, ordinateurs ou DVD dans le caisson, mais seront pour le reste isolés du monde. Selon les règles strictes fixées par l'IBMP, ils ne pourront sortir avant l'heure dite que s'ils abandonnent complètement l'expérience.

«Une évacuation des membres individuels de l'équipage pour des raisons de santé ou personnelles est équivalente à la +mort+ du cosmonaute», a indiqué l'Institut dans un communiqué.

Selon les organisateurs, assurer l'autonomie complète de l'équipage sur une période de 1 an et demi, correspondant à un vol aller-retour pour Mars, est le principal écueil à l'envoi d'une mission habitée.

Comme pour un vol réel, les rations de l'équipage ont été calculées et préparées à l'avance, et aucun approvisionnement supplémentaire ne franchira les portes du conteneur pendant l'expérience.

«C'est l'équipage lui-même qui règlera tous les problèmes et toutes les situations délicates n'exigeant pas d'évacuation des passagers», selon l'Institut.

Les communications avec le centre de contrôle et avec les proches, opérées par signal radio, comme depuis l'espace, seront elles-mêmes soumises à un décalage pour rendre le test plus réaliste.

Le faux «vaisseau», d'une contenance de 550 mètres cubes, se compose de trois modules, l'un pour les vivres, l'autre dit «médical», les participants séjournant dans le troisième où ils disposeront de box individuels.

Le Français Cyrille Fournier, 40 ans, pilote de la compagnie Air France et Oliver Knickel, un ingénieur de l'armée allemande âgé de 28 ans ont été sélectionnés parmi plus de 5.600 candidats.

«Je suis impatient de voir comment la communication et les rapports entre équipiers vont évoluer au cours de l'expérience», a indiqué M. Fournier, selon des commentaires publiés sur le site de l'ESA. «Je m'attends à ce que chacun d'entre nous connaisse des hauts et des bas, mentalement, physiquement et socialement», a-t-il noté.

Les volontaires russes sont deux cosmonautes professionnels, Oleg Artiomov et Sergueï Riazanski, un médecin, Alexeï Baranov et un spécialiste de questions physiques et sportives, Alexeï Chpakov.