Deux astronautes de la navette américaine Atlantis ont installé samedi sur Hubble, lors de la troisième sortie orbitale destinée à le moderniser, un nouveau spectrographe, qui permettra d'accroître la capacité du télescope à étudier la structure de l'univers, et réparé sa principale caméra.

L'astronome John Grunsfeld, 50 ans, et le géologue Drew Feustel, 43 ans, ont achevé avec succès leur sortie orbitale, après six heures et 36 minutes de travail en apesanteur. Ils avaient entamé leur sortie dans l'espace à 13H35 GMT.

Au cours de cette nouvelle journée de travail en apesanteur à quelque 600 km de la Terre, les deux hommes ont installé un nouvel appareil: le «Cosmic Origins Spectrograph», ou COS.

Ce spectrographe, un outil mesurant les variations de la lumière, a été conçu pour étudier la structure de l'univers et comprendre comment les galaxies se sont formées.

Il permettra également de déterminer comme certains éléments chimiques, en particulier ceux nécessaires au développement de la vie, sont apparus et quelle a été leur évolution au fil du temps.

Le COS remplace le COSTAR (Corrective Optics Telescope Axial Replacement), un dispositif correcteur d'optique installé en 1993 trois ans après la mise en orbite de Hubble pour corriger la déformation du miroir principal du télescope qui le rendait inutilisable.

Après cinq heures dans l'espace, la mise en place du COS achevée, l'équipage a réparé la principale caméra du télescope, dite ACS (advanced camera for survey).

Ce dispositif, installé en 2002 lors de la dernière mission d'entretien de la navette spatiale américaine, a connu plusieurs avaries au cours des dernières années, compromettant grandement ses capacités d'observation.

Les astronautes ont réparé la caméra en remplaçant des circuits et en installant un nouveau système d'alimentation électrique.

 «C'est la première fois que nous essayons de réparer un tel outil dans l'espace», a indiqué David Leckrone, un responsable de la Nasa chargé de Hubble, expliquant qu'il fallait s'introduire «à l'intérieur même des entrailles» du système.

 «A chaque fois que vous essayez un truc nouveau, et que les risques sont grands, vous retenez votre respiration...», a-t-il dit.

Il s'agissait de la troisième sortie quotidienne dans l'espace sur les cinq programmées jusqu'à lundi.

Ponctuées à chaque fois d'imprévus ralentissant les opérations, les deux sorties précédentes ont néanmoins permis de boucler trois réparations prioritaires sur Hubble.

Les astronautes ont d'abord remplacé jeudi une caméra par une autre, plus moderne, appelée Wide Field Camera-3. Ce nouvel appareil à champ large est conçu pour scruter encore plus loin les profondeurs de l'espace. Ils ont également installé un nouvel ordinateur sur Hubble.

Vendredi, ils ont remplacé les six gyroscopes du télescope, des pièces stratégiques permettant de maintenir Hubble stable pendant les prises de vue.

Après 19 ans de carrière pendant lesquels il a transmis plus de 750.000 images spectaculaires des confins du cosmos et des millions de données, le télescope Hubble, fruit d'une collaboration entre la Nasa et l'Agence spatiale européenne (ESA), montre de sérieux signes de fatigue.

Les responsables de la mission d'Atlantis, qui doit durer onze jours, espèrent que toutes ces attentions prolongeront de cinq ans l'existence de Hubble jusqu'à l'arrivée de son successeur, le télescope James Webb.