Pour mieux repérer des indices de présence de la vie dans l'atmosphère de planètes extrasolaires, les scientifiques cherchent à détecter des «signatures» similaires dans l'atmosphère de la Terre, lors d'une éclipse de Lune, ou dans la lumière cendrée de la Lune.

Lors d'une éclipse, quand la Terre s'intercale entre le Soleil et la Lune, la couvrant progressivement de son ombre, la lumière du Soleil traversant l'atmosphère terrestre continue d'atteindre notre satellite qui rougit.

La Lune n'apparaît pas noire, mais continue de réfléchir cette lumière que des scientifiques ont analysé, lors de l'éclipse de Lune du 16 août 2008, pour y rechercher des traces d'atomes ou molécules trahissant la présence de la vie sur Terre.

Enric Pallé et son équipe de l'Institut d'astrophysique des Canaries ont ainsi pu, lors de cette éclipse, «caractériser le spectre de la Terre, comme s'il était observé depuis une distance astronomique, lors d'un transit (passage de la Terre) devant le Soleil», selon des travaux paraissant jeudi dans la revue scientifique britannique Nature.

Sur les 349 planètes extrasolaires découvertes, 59 l'ont été lors de transits devant leur étoile.

Lors de l'éclipse de Lune, la présence d'oxygène, d'ozone, d'eau, de dioxyde de carbone et de méthane a été détectée dans l'atmosphère terrestre, ainsi que notamment des traces de dioxyde d'azote, un «gaz résultant essentiellement d'activités humaines,» soulignent Enric Pallé et ses collègues.

La signature d'atomes de calcium a également été retrouvée dans l'ionosphère de la Terre.

L'observation de lumière cendrée, c'est-à-dire de la partie sombre de la Lune éclairée seulement par la Terre, avait déjà permis de caractériser des traces de la vie dans l'atmosphère terrestre, ainsi qu'au sol.

En 2001, Luc Arnold et son équipe de l'Observatoire de Haute Provence (OHP) et de l'Observatoire de Paris avaient détecté la présence de chlorophylle, signe de végétation terrestre, en analysant le spectre de la lumière cendrée.

Faute de pouvoir envoyer des sondes vers les lointaines planètes extrasolaires, l'homme devra, pour longtemps, se limiter à repérer, grâce à de puissants télescopes, des signes propices à la vie dans leur atmosphère ou révélant la présence d'une végétation sur leur sol.