Une navette américaine clouée au sol, cela revient très cher et les cinq reports du lancement d'Endeavour, qui doit emmener sept astronautes vers la Station spatiale internationale (ISS), ont déjà coûté 4,5 millions de dollars à la NASA.

«Le coût d'une annulation de vol est d'environ un million de dollars», a confié mardi à l'AFP Allard Beutel, porte-parole du Centre spatial Kennedy, après des départs avortés pour cause de ciel capricieux ou fuite d'hydrogène liquide.

Cette somme couvre notamment le prix d'une partie des deux millions de litres d'hydrogène et d'oxygène liquide du réservoir externe qui ne peut être récupérée.

S'y ajoutent les heures supplémentaires payées au personnel travaillant le week-end et les frais d'hébergement de spécialistes de la NASA, venus d'autres centres de l'agence spatiale pour le lancement, et qui doivent rester à Cap Canaveral jusqu'au départ de la navette.

Les deux derniers reports du tir d'Endeavour, dimanche et lundi, ont alourdi la note de la NASA de quelque deux millions de dollars, puisque le réservoir externe avait déjà été rempli.

Samedi, en revanche, la NASA avait décidé d'ajourner le lancement dès le matin, avant de procéder au remplissage, ce qui a fait baisser l'addition de moitié.

L'agence perd environ 500 000 dollars d'hydrogène et oxygène liquide chaque fois qu'elle vidange le réservoir.

Le lancement d'Endeavour avait aussi été annulé les 13 et 17 juin en raison d'une fuite d'hydrogène liquide alors que le réservoir externe était plein. Facture: deux millions de dollars.

Toutefois, ces coûts qui paraissent énormes sont «marginaux», assure Allard Beutel, par rapport au budget global de la NASA, qui devrait frôler les 19 milliards de dollars en 2010.

Une navette spatiale vaut, elle, un milliard de dollars.

La NASA n'hésite pas à annuler ou reporter un vol lorsque la sécurité est en jeu. Et c'est le cas avec les risques d'impacts de foudre et de vents trop violents qui prévalaient ces jours derniers en Floride.

Tout le monde a en mémoire les accidents de Challenger en 1986, peu après le lancement, et de Columbia en 2003, lors du retour dans l'atmosphère. Même si dans les deux cas la météo n'était pas en cause.

La prochaine tentative de lancement d'Endeavour est prévue mercredi.

Depuis le premier vol d'une navette spatiale américaine en avril 1981, le taux de report a atteint 50%. Il y a eu 126 lancements à ce jour.

Les contraintes météorologiques pour un feu vert de lancement sont drastiques: vitesse du vent, altitude et épaisseur du plafond nuageux, température à l'intérieur des nuages, formation orageuse ou pluvieuse trop proche du pas de tir.

Les sites d'atterrissage d'urgence doivent aussi bénéficier d'une météo acceptable pour procéder au décollage. La première de ces bases est la piste du Centre spatial Kennedy où reviendrait atterrir la navette en cas d'avarie peu après le tir.

Les trois autres sont Moron et Saragosse en Espagne et Istres en France si la navette ne pouvait atteindre l'orbite terrestre.

La météo demeure la principale incertitude pour les tirs de navettes, particulièrement l'été durant lequel orages et pluies tropicales sont fréquents.

En dépit de ce ciel menaçant, Cap Canaveral, site américain le plus au sud possible, a été privilégié par la NASA, explique Allard Beutel. Du fait de la rotation terrestre, une fusée ou une navette lancée depuis une base proche de l'équateur, comme l'est aussi Kourou en Guyane, a en effet besoin de moins d'énergie, et donc de carburant, pour se libérer de l'attraction terrestre.