Quand à bientôt 50 ans on commence à manquer d'aventure, on s'entraîne pour aller dans l'espace : telle est la recette du milliardaire canadien Guy Laliberté, fondateur du Cirque du Soleil, qui veut montrer l'exemple à ses enfants.

«Comme n'importe quel petit garçon, j'ai toujours, de plusieurs façons, caresser le rêve d'aller dans l'espace», raconte-t-il à l'AFP dans son appartement au centre de formation des astronautes à la Cité des Etoiles, près de Moscou.Le premier coup de coeur, c'était «quand le premier homme a marché sur la Lune», en 1969. «J'avais dix ans, j'étais en colonie de vacances, le moniteur a installé un téléviseur noir et blanc et on a passé la soirée à regarder l'événement», se souvient l'homme d'affaires.

Pour ses 50 ans il s'est fait un cadeau de 35 millions de dollars et il décollera le 30 septembre vers les étoiles.

Ce devrait être aussi «un bel exemple» pour ses cinq enfants «habitués au luxe» afin de les aider à comprendre qu'«il faut travailler pour réaliser ses rêves», assure-t-il.

Après trois heures dans une fusée Soyouz grandeur nature pour un exercice de simulation d'un amarrage à la Station spatiale internationale, Guy Laliberté enfourche sa bicyclette pour rentrer «chez lui» dans son deux-pièces spartiate.

Culture locale oblige, des boîtes de cornichons - l'un des «zakouski» classiques pour la vodka - sont rangées sur le réfrigérateur. Les murs sont décorés d'une affiche de Tintin, prêt à «conquérir la Lune» et d'une photo de sa famille.

«Le notion d'aventure a commencé à me manquer», avoue cet ancien cracheur de feu qui a quitté la maison de ses parents à 14 ans. Désormais il est, selon le magazine Forbes, le 261e homme plus riche du monde avec une fortune estimée à 2,5 milliards de dollars.

La solution, c'était de se plonger dans un univers absolument inconnu. Celui-ci lui a réservé de nombreuses épreuves, en particulier les examens médicaux qu'il qualifie d'«envahissants».

Les cours de russe, obligatoires pour les touristes de l'espace, ne l'ont guère enchanté, en raison d'une approche trop académique pour quelqu'un qui a arrêté l'école à 15 ans. «Je m'en suis désintéressé, la mayonnaise n'a pas bien pris», constate-t-il.

En contrepartie, «j'ai rencontré des gens fantastiques, généreux, avec un côté émotif et passionnel, qui partagent volontiers leurs connaissances», s'enthousiasme-t-il.

En ce qui concerne son credo «s'amuser en travaillant, c'est une mission accomplie», assure-t-il en montrant sur son ordinateur une photo de trois membres d'équipage, affublés de nez de clown.

Il en emportera neuf dans l'espace, pour les neuf membres de la Station spatiale internationale. Dans ses bagages de 5 kg il y aura aussi une caméra, de la musique et des photos.

Septième touriste de l'espace, Guy Laliberté souhaite vivre son aventure autrement que ses prédécesseurs qui ont effectué des expériences. «Je ne suis pas un scientifique», dit ce Québécois qui préfère le «plaisir des yeux» ou «la méditation en regardant les étoiles».

Son seul souci: ne pas être trop longtemps malade dans l'espace pendant sa mission de douze jours, sachant qu'une période d'adaptation «pire que le mal de mer» dure généralement entre 24 et 48 heures.