C'est un Guy Laliberté dans une forme «jamais vue», serein et «très focalisé» qui s'apprêtait à prendre son envol ce matin, à 3h heure de Montréal, pour son séjour de 12 jours dans l'espace.

«C'est la grande aventure, il y a beaucoup de fébrilité, a dit son collègue et ami Daniel Lamarre, président et chef de la direction du Cirque du Soleil, joint mardi au Kazakhstan. Guy a fait les choses comme il les fait toujours, c'est très organisé. Il aborde ça en se disant qu'il veut savourer chaque moment.»

Après cinq mois d'un dur entraînement à la Cité des étoiles, près de Moscou, le fondateur multimilliardaire passera les prochains jours en orbite. Coût de l'aventure : 35 millions, investis dans ce qu'il a baptisé une «mission sociale et poétique». «Quand on voit ce à quoi il a dû s'astreindre au cours des derniers mois, on comprend mieux le sérieux de l'aventure dans laquelle il s'est lancé», dit M. Lamarre.

Demain, sa capsule devrait s'amarrer à la Station spatiale internationale. Il disposera alors d'une semaine pour monter un spectacle d'un genre inédit, un gigantesque événement à l'échelle planétaire sur l'importance de l'eau, qu'il coordonnera à une altitude de 350 km.

Il profitera de ce séjour, comme il l'a promis, pour divertir et chatouiller les occupants de la Station, mettre son nez de clown et faire quelques acrobaties en apesanteur, tout en accomplissant les tâches quotidiennes qu'on lui confiera.

La mission que Guy Laliberté s'est donnée pour ce voyage en orbite, celle de sensibiliser la planète à la question de l'eau, a été «parfois mal comprise», tient à préciser M. Lamarre. Si les responsables de la NASA ont accepté d'offrir leur réseau de communication le 9 octobre prochain, c'est d'abord parce qu'ils soutenaient cette cause. «Pour trouver la raison de leur collaboration, revoyez le discours inaugural du président Obama : une des priorités qu'il avait désignées, c'était l'eau, un des problèmes majeurs auxquels l'humanité va faire face dans les prochaines années.»

Pour Daniel Lamarre, l'élément le plus frappant de ces mois de préparatifs, c'est le «surréalisme» des lieux où Guy Laliberté s'est entraîné quatre heures par jour, a étudié la mécanique ainsi que des notions de médecine et d'astronomie, ne dormant que quatre heures par nuit. «Contrairement à des lancements nord-américains, au Kazakhstan, ça se fait quasiment de façon familiale. On est au milieu du désert, on se retrouve dans un hôtel de type Best Inn, où sont regroupées les 40 personnes les plus proches de Guy. C'est un tout petit hôtel, on se retrouve en famille. Ç'a été une expérience incroyable.»

L'astronaute canadienne Julie Payette leur a fait mardi un long exposé, très détaillé, de ce qui attendait les voyageurs dans l'espace, heure après heure. «Elle est une grande copine de Guy depuis toujours, elle est venue à titre personnel, explique M. Lamarre. C'est important pour des gens comme nous, qui n'avons aucune connaissance de l'aérospatiale. C'est très rassurant.»

Et dans un tout autre rôle, le chanteur Garou, aussi proche de Laliberté, s'est chargé de divertir le clan lors des longues soirées à Baïkonour. «Il chante au piano-bar, il nous amuse, il met beaucoup de vie dans cette mission.»

Dès mercredi matin, la quarantaine de proches collaborateurs de Guy Laliberté se rendra à Moscou pour y suivre les opérations d'arrimage à la Station spatiale. «On va revenir dans la réalité, estime Daniel Lamarre. La fébrilité va se déplacer vers l'organisation de notre fameux spectacle du 9 octobre.»