Statistiquement, il y a toutes les chances que la vie existe ailleurs que sur Terre, même s'il est encore très difficile de dire sous quelle forme, selon une conférence scientifique lundi à Londres.

«Il n'y a pas de preuve formelle que la vie existe ailleurs, mais il y a une très bonne probabilité pour que ce soit le cas», estime Baruch Blumberg, astrobiologiste au Fox Chance Cancer Center à Philadelphie.

«J'ai la conviction que les générations actuelles ont d'excellentes chances d'assister de leur vivant à la détection d'une vie extra-terrestre», affirme Martin Dominik, astronome à l'Université de St. Andrews, en Écosse.

La vie a peut être démarré sur Terre grâce à des molécules de carbone et des poussières arrivées depuis l'espace interstellaire, rappelle de son côté Pascale Ehrenfreund, astrochimiste à la George Washington University, dans la capitale américaine.

S'il en est ainsi, «les premières briques de la vie - telles que nous les avons mises en évidence pour la Terre, devraient être répandues dans d'autres systèmes planétaires de la Voie lactée et dans d'autres galaxies», suggère cette scientifique.

La Royal Society britannique, l'un des berceaux de la science moderne, a pris le sujet suffisamment au sérieux pour y consacrer un colloque de deux jours à l'occasion de son 350ème anniversaire.

Il s'agissait moins de donner une réponse définitive à l'existence ou non des extra-terrestres que de dresser un tableau de notre quête d'une autre vie, et de s'interroger sur l'impact sur l'humanité d'une telle découverte.

Le président de la Royal Society, Lord Rees, a souligné qu'il fallait pour l'heure admettre notre ignorance. «Nous ne savons même pas comment la vie est apparue sur Terre, et encore moins s'il faut penser qu'elle est répandue ou non (ailleurs), ni où nous devons la chercher», a-t-il déclaré dans un entretien.

Grâce à des outils d'observation de plus en plus perfectionnés, notamment au télescope spatial Hubble, les astronomes ont détecté depuis 1995 plus de 400 exoplanètes, extérieures à notre système solaire.

L'une de ces planètes pourrait potentiellement héberger la vie, mais aucune bénéficiant des conditions favorables de notre planète bleue n'a encore été découverte à ce jour.

La Terre se trouve en effet à une distance suffisante mais pas trop éloignée du Soleil pour que de l'eau puisse s'y trouver en abondance sous forme liquide.

Si des formes de vie existent ailleurs que sur Terre, il est peu probable que celles-ci soient proches de ce que montrent les films de science-fiction, dont les créatures ressemblent invariablement au genre humain.

Pour Albert Harrison, psychologue à l'université de Californie à Davis, il est plus probable que la première vie extra-terrestre détectée soit de taille microscopique.

À l'intérieur même de notre système solaire, des bactéries pourraient être décelées dans le sous-sol de Mars, sur le satellite de Jupiter Europa ou encore sur une lune de Saturne, Encelade. Ces deux derniers astres pourraient en effet héberger des océans sous d'épaisses calottes de glace.

D'autres scientifiques pensent toutefois que l'apparition de la vie relève d'un concours de circonstances qui n'est pas prêt de se reproduire.

«À mon avis, l'origine de la vie est un pur coup de chance», a déclaré Simon Conway Morris, professeur de paléobiologie à l'Université de Cambridge.

«Je crains que nous soyons complètement seuls... Qu'il n'y ait rien du tout là-bas», explique ce scientifique.

Et si des extraterrestres venaient à nous contacter, rien ne dit qu'ils auraient les doux yeux d'E.T, le charmant extraterrestre du film de Steven Spielberg: ils pourraient tout aussi bien être «agressifs et déplaisants», remarque-t-il.