Le président Barack Obama a renoncé au projet d'un retour des Américains sur la Lune d'ici 2020 et veut encourager le développement de véhicules et lanceurs commerciaux vers la Station spatiale internationale (ISS), a-t-on appris hier de source proche de la Maison-Blanche.

«Le programme Constellation est mort», a dit cette source à l'AFP, sous le couvert de l'anonymat, confirmant des informations initialement rapportées jeudi par le quotidien Florida Today.Ce bouleversement de la stratégie d'exploration spatiale américaine sera dévoilé lundi dans le projet de budget 2011 que M. Obama doit soumettre ce même jour au Congrès.

Ce que propose l'administration, «c'est en gros une des options offertes par le rapport d'experts (présidé par Norman Augustine)» remis fin 2009 à la Maison-Blanche, a précisé cette source. «Il s'agit de l'élimination de la fusée Ares 1, la fin du programme de la navette comme prévu (fin 2010 ou début 2011) sans vol supplémentaire et le maintien de la Station spatiale internationale jusqu'en 2020», a ajouté cette source.

L'administration, qui va proposer d'augmenter le budget de la NASA de 5,9 milliards de dollars sur cinq ans, veut encourager la mise au point d'un secteur commercial capable d'assurer un service de transport orbital de personnes et de fret vers l'ISS. Avec cette nouvelle approche, le premier vol commercial vers la Station serait envisagé pour 2015, voire plus tôt, a-t-on encore expliqué de même source.

Le programme Constellation avait été lancé en 2004 par l'ancien président George W. Bush après la catastrophe de la navette Columbia en 2003. Il prévoyait un retour des Américains sur la Lune à l'horizon 2020 et, au-delà, des vols habités vers Mars.

La NASA a déjà dépensé 9 milliards de dollars sur Constellation, dont 3,5 milliards pour le développement de Ares 1.

Levée de boucliers en Floride

Ce changement de cap dans le programme américain d'exploration habitée de l'espace devrait aussi s'accompagner d'un effort pour une coopération internationale accrue, notamment avec les Européens, mais aussi avec d'autres pays pour des projets comme un retour sur la Lune ou autre, a indiqué cette source, notant que le patron de la NASA Charles Bolden doit se rendre en Chine en avril.

Mais pour John Logsdon, ancien directeur du Space Policy Institute à l'Université George Washington, ce bouleversement des priorités ne signifie pas pour autant la fin des ambitions spatiales américaines.

«La mort du programme Constellation ne signifie pas la mort de l'exploration spatiale», a-t-il dit à l'AFP.

John Logsdon s'attend à ce que la proposition de M. Obama provoque une levée de boucliers au Congrès où les élus de Floride, et d'autres États dépendants de la Navette et de Constellation, vont voir d'un très mauvais oeil l'abandon de ce programme, dont dépendent de nombreux emplois dans leur circonscription.