L'annulation du programme Constellation de retour sur la Lune ne signifie en rien que les États-Unis renoncent à leurs ambitions d'exploration spatiale habitée, a affirmé mardi le patron de la NASA en réponse aux critiques fusant surtout du Congrès.

«Nous devons investir dans des technologies spatiales fondamentalement nouvelles et dans de nouvelles façons de faire les choses si nous voulons développer un programme d'exploration spatiale vraiment viable sur le long terme», a déclaré Charlie Bolden, le directeur de l'agence spatiale américaine, dans une intervention devant le National Press Club au lendemain de l'annonce de la nouvelle approche par le président Barack Obama dans son projet de budget 2011.

«Nous n'abandonnons pas les vols humains habités», a-t-il aussi insisté en réponse à une question. Des sénateurs républicains et démocrates ainsi que Michael Griffin, le prédécesseur de M. Bolden, ont vivement critiqué l'abandon de Constellation, qui selon eux marque la fin du leadership spatial américain.

Avec le programme Constellation, «nous avons essayé de recréer les gloires du passé (Apollo et la conquête de la Lune, ndlr) avec des technologies du passé», avait dit peu auparavant, devant le National Press Club, John Holdren, principal conseiller scientifique de M. Obama.

«En résumé Constellation (lancé par l'ancien président George W. Bush en 2004 ndlr) menaçait d'autres missions importantes de la NASA tout en ne pouvant pas être accompli», a-t-il aussi expliqué.

Charlie Bolden a également souligné que «des décennies de sous-investissement dans le développement de technologies spatiales» avaient entraîné un sérieux déficit technologique.

Un des moyens de revitaliser la NASA pour lui faire jouer un rôle moteur de l'innovation et avoir un programme de vols habités au-delà de l'orbite terrestre, est d'impliquer pleinement le secteur privé, a martelé Charlie Bolden.

Il a été rejoint au National Press Club par des représentants de sept entreprises travaillant déjà avec la NASA pour le développement de lanceurs ou d'autres systèmes spatiaux, dont SpaceX.

M. Obama prévoit ainsi six milliards de dollars sur cinq ans pour stimuler le développement de systèmes de transport commercial d'astronautes meilleur marché vers la Station spatiale internationale (ISS).

«Le président a établi un budget qui permet d'atteindre les objectifs fixés», a insisté Charlie Bolden, un ancien astronaute qui a volé à quatre reprises à bord de navettes spatiales.

«Nous élaborons des programmes spatiaux basés sur un budget, pas sur un rêve», a-t-il lancé avant de se reprendre quelque peu et de dire: «les rêves sont très importants ....mais je veux être un rêveur réaliste».

Interrogé par la presse sur le fait de savoir si la NASA avait décidé de destinations au-delà de l'orbite terrestre vers lesquelles l'agence spatiale voulait envoyer des astronautes et quand elle comptait le faire, M. Bolden a admis que ces questions restaient ouvertes.

Ces décisions ne seront pas prises «dans les prochaines semaines mais avant un an», a-t-il promis.

Quant aux destinations «les endroits venant naturellement à l'esprit sont la Lune, Mars, des astéroïdes et d'autres endroits du système solaire...», a ajouté le patron de la NASA.