Les galaxies ont vécu une période turbulente voici six milliards d'années, avec de nombreuses collisions donnant naissance à des galaxies aux formes étranges, selon une étude publiée jeudi.

En utilisant des données du télescope spatial Hubble, François Hammer (Observatoire de Paris) et son équipe ont comparé la forme de 116 galaxies de notre univers proche, avec celle de 148 galaxies éloignées dont la lumière a mis quelque six milliards d'années pour nous parvenir.

Comme notre Voie Lactée, près des trois quart des galaxies locales, en forme de disque en rotation, sont des galaxies spirales. D'autres dites «elliptiques» sont en forme de sphère. Et seulement 10% ont une forme étrange.

Voici six milliards d'années, plus de la moitié des galaxies avaient une forme étrange, échappant aux classifications habituelles, à cause de collisions.

«Aujourd'hui on est dans un univers où les objets sont à l'équilibre, la gravitation explique bien tous les mouvements, on arrive à bien décrire les objets», grâce à une classification proposée en 1926 par l'astronome Edwin Hubble, explique François Hammer.

Dans le passé, les galaxies «avaient des formes absolument chaotiques», anormales, car «ce qu'on voit, ce sont des objets en collision», a-t-il précisé à l'AFP.

Après la violente rencontre entre ces géants du cosmos, il fallait «deux à trois milliards d'années» pour que la nouvelle galaxie résultant de leur fusion retrouve une forme d'équilibre.

«Précédemment, on croyait que cette époque de fortes collisions entre galaxies avait eu lieu bien avant», c'est-à-dire il y a plus de 8 milliards d'années, souligne l'astronome.

Les résultats publiés par son équipe dans la revue scientifique Astronomy and Astrophysics sont, dit-il, en accord avec un scénario «hiérarchique» de la formation de l'univers.

D'après ce scénario, «on démarre avec de petits objets, peut-être même pas des galaxies, et au fur et à mesure que ces galaxies se rencontrent, elles vont en former de plus grosses», résume M. Hammer.

Aux galaxies chaotiques du passé ont ainsi succédé les grandes galaxies spirales, comme la Voie Lactée.

Notre galaxie est un «cas très particulier», précise-t-il, car la dernière collision la concernant remonterait à dix ou onze milliards d'années, alors que notre voisine Andromède garde les traces de nombreuses collisions dans un passé plus récent.

Andromède qui se rapproche de la Voie Lactée à la vitesse de 120 km/s, devrait entrer en collision avec elle d'ici quelque 4 milliards d'années.