Les vols «aller simple» sont souvent moins dispendieux - même quand la destination finale est la planète Mars.

Deux scientifiques estiment que la planète rouge pourrait être colonisée plus rapidement et à moins de frais si les astronautes se comportaient comme les premiers colons arrivés en Amérique du Nord, en sachant qu'ils ne rentreront probablement jamais chez eux.

«Le plus important est de donner le coup d'envoi à l'exploration de Mars», a fait valoir le professeur Dirk Schulze-Makuch, de l'université Washington State, qui a co-signé un article qui défend sérieusement une idée en apparence farfelue.

Au moins un astronaute qui a déjà visité la Lune n'était pas impressionné.

«C'est prématuré, a indiqué par courriel Ed Mitchell, de la mission Appollo 14. Nous ne sommes pas encore prêts à ça.»

La NASA a elle aussi accueilli l'idée plutôt tièdement. Le président Barack Obama a déjà ébauché un plan pour visiter la planète Mars d'ici la mi-2030, mais il n'a jamais laissé entendre que les explorateurs de l'espace ne reviendraient jamais sur Terre.

«Nous voulons récupérer nos gens», a dit un porte-parole de la NASA, Michael Braukus.

L'article intitulé «To Boldly Go» est publié dans l'édition la plus récente du Journal of Cosmology, qui présente plus de 50 articles et essais sur l'exploration martienne.

M. Schulze-Makuch et Paul Davies, un physicien de l'université Arizona State, sont d'avis que les humains doivent commencer à coloniser une autre planète pour se prémunir contre une catastrophe sur Terre. Ils croient que les voyages «aller simple» pourraient débuter d'ici 20 ans.

«On enverrait des gens un peu plus âgés, qui auraient environ 60 ans», a expliqué M. Schulze-Makuch, puisque la radiation et le manque de soins médicaux réduiraient probablement l'espérance de vie des astronautes. La radiation pourrait aussi endommager les organes reproducteurs, d'où la pertinence d'exclure les astronautes en âge d'avoir des enfants, a-t-il ajouté.

Mars est à six mois de vol, elle a une gravité et une atmosphère, amplement d'eau, du dioxyde de carbone et les minéraux essentiels. Les deux scientifiques suggèrent que les missions débutent avec des équipes de deux personnes, dans des vaisseaux séparés qui serviraient de quartiers à la surface de la planète. D'autres colons et d'autres vivres suivraient.

La technologie nécessaire existe ou est à portée de la main, affirment les deux professeurs. En n'ayant pas à emporter le carburant et les vivres requis par le voyage du retour, disent-ils, les coûts de la mission fondraient de 80 pour cent.

MM. Davies et Schulze-Makuch insistent pour dire qu'ils ne proposent pas des «missions suicides».

«Les astronautes iraient sur Mars avec l'intention d'y passer le reste de leur vie, comme des explorateurs pour une première colonie humaine permanente sur Mars», ont-ils écrit.

Ils reconnaissent qu'il sera difficile de vendre leur idée à la NASA, qui est préoccupée par la sécurité, mais croient que le secteur privé pourrait être intéressé.

«Nous aurions besoin d'un milliardaire excentrique, a dit M. Schulze-Makuch. Il y a des gens qui ont assez d'argent pour que le projet devienne réalité.»

Les deux chercheurs croient que Mars dispose d'amplement de ressources pour assurer la survie autonome de ces premiers colons. Ils disent que la colonie devrait être installée près d'une grande cave de glace, ce qui la mettrait à l'abri des radiations en plus d'offrir eau et oxygène.

En dépit du manque d'enthousiasme de la NASA, M. Schulze-Makuch croit que plusieurs personnes pourraient être intéressées par l'aventure. Son collègue Davies et lui sont d'avis que Mars pourrait devenir un «canot de sauvetage» en cas de catastrophe terrienne.

«Nous habitons une planète vulnérable, a dit M. Schulze-Makuch. L'impact d'un astéroide pourrait nous menacer, ou l'explosion d'une supernova. Si nous voulons assurer la survie de notre espèce, nous devons nous propager à travers le système solaire et au-delà.»