La sonde américaine Curiosity, qui décolle ce matin à 10h02 de Cape Canaveral, emporte un instrument canadien. Quand Curiosityatterrira sur la planète rouge en août prochain, elle permettra au Canada de contrôler pour la première fois un appareil sur une autre planète.

«Il y a eu un autre instrument canadien sur Mars, avec la mission Phoenix, mais cette fois, il sera contrôlé depuis l'Université de Guelph», explique Alain Berinstain, directeur du développement scientifique et académique à l'Agence spatiale canadienne. Il y a neuf autres instruments sur Curiosity, dont la mission est de découvrir des traces géochimiques de vie au fond d'un cratère où - vu la présence d'argile - de l'eau à l'état liquide a certainement existé il y a 3,5 milliards d'années.

Calculer la composition chimique des roches

Le Spectromètre à rayons X à particules alpha (APXS selon l'acronyme anglais) a été construit par la firme canadienne MDA. Il permettra de calculer la composition chimique des roches et a coûté 17,8 millions CAN, sur un coût total de 2,5 milliards US.

La sonde Phoenix, qui a atterri sur Mars en 2008, comportait une station météo canadienne et d'autres sondes, qui sont restées en orbite autour de Mars, avaient aussi des instruments canadiens. Le Canada envisage actuellement d'autres missions planétaires vers Mars, la Lune et des astéroïdes.

La cible de Curiosity a été choisie avec soin. «Il fallait une zone sécuritaire d'atterrissage, mais aussi un endroit intéressant d'un point de vue scientifique, explique M. Berinstain. Au milieu du cratère, il y a une montagne de sédiments qui nous permettra d'étudier son évolution géochimique.» Le cratère fait 5 km de profondeur, 150 km de diamètre et la montagne est presque aussi haute que les bords du cratère.

Vu sa taille,Curiosity ne pourra atterrir en chute libre en étant protégée par des ballons gonflables, comme les sondes Spirit et Opportunity l'ont fait en 2004. Le système choisi est inédit: Curiosity sera descendue par des câbles jusqu'au sol par l'atterrisseur, qui ira ensuite s'écraser plus loin pour éviter d'endommager la sonde. De cette manière, l'incertitude sur la zone d'atterrissage sera restreinte à 20 km, sept fois moins que pour Spiritet Opportunity, selon l'hebdomadaire britannique The New Scientist.

Curiositypèse une tonne, cinq fois plus que ses prédécesseures, ce qui lui permet d'être équipée d'instruments totalisant un poids 15 fois supérieur: 75 kg. Alimentée au plutonium, elle pourra parcourir 20 km en une seule année, soit 40 km pour sa durée de vie minimale. Opportunityn'a franchi que 33 km en 7 ans - sa durée de vie minimale était elle aussi de 2 ans - et Pathfinder, la première sonde motorisée en 1997, seulement 200 mètres.

Une autre sonde, la russe Phobos-Grunt, devait ramener des échantillons de la lune martienne Phobos sur Terre en 2014. Mais depuis son lancement, début novembre, le contact radio a été perdu. Phobos-Grunt devait aussi laisser en orbite autour de Mars un satellite chinois.