Le trou noir supermassif se trouvant au centre de notre galaxie, la Voie lactée, s'apprête à engloutir au cours des prochaines années un gros nuage de gaz qui s'en approche, filant déjà à près de 8 millions de km/h, a indiqué jeudi l'Observatoire austral européen (ESO).

«Il s'agit de la toute première observation de l'arrivée d'un tel nuage à proximité d'un trou noir supermassif».

Cette découverte, faite grâce au Très Grand Télescope (VLT) de l'ESO, est présentée dans un article mis en ligne par la revue scientifique britannique Nature.

La vitesse du nuage découvert par l'équipe d'astronomes dirigée par Reinhard Genzel (Institut Max Planck, Garching, Allemagne) a quasiment doublé au cours des sept dernières années, atteignant déjà près de 8 millions de km/h (2350 km/seconde).

Il progresse sur une orbite très allongée et, durant l'été 2013, il s'approchera à 40 milliards de km de «l'horizon des événements» du trou noir, limite à partir de laquelle ce qui s'y passe reste inaccessible, aucune matière ni lumière ne pouvant s'en échapper pour nous le dévoiler.

«En termes astronomiques, il s'agit d'une rencontre très étroite avec un trou noir supermassif», relève l'ESO, précisant que 40 milliards de km, c'est un peu plus que la distance séparant le Soleil de la planète Jupiter.

Le trou noir, baptisé «Sgr A» (Sagittarius A étoile), situé au coeur de la Voie lactée est quatre millions de fois plus massif que le Soleil. Le nuage de gaz ionisé que cet ogre cosmique s'apprête à avaler est environ trois fois plus massif que la Terre.

Plus le nuage, principalement constitué d'hydrogène et d'hélium, se rapproche du monstre, plus sa vitesse va augmenter sous l'effet de l'énorme attraction gravitationnelle du trou noir. Les bords du nuage sont déjà en train de se disloquer.

Sa température, qui atteint déjà 280 degrés centigrades, devrait grimper à plusieurs millions de degrés lorsque le gaz tourbillonnera tout près du monstre avant d'être englouti. Les rayons X émis par la matière spiralant autour d'un trou noir révèlent à distance les repas de ces ogres du cosmos.

«Ces deux prochaines années s'annoncent passionnantes. Elles devraient nous fournir de précieuses informations concernant le mouvement de matière autour de ces étonnants objets massifs», souligne Reinhard Genzel.

Situé à 27 000 années-lumière (1 année lumière 9460 milliards de km) de la Terre, le trou noir supermassif de la Voie lactée est le plus proche de ces monstres.