Il y a plus de planètes que d'étoiles dans notre galaxie où le système solaire a longtemps été considéré comme une exception, selon une étude publiée mercredi par une équipe internationale d'astronomes.

Des étoiles entourées de planètes: «c'est la règle, plutôt que l'exception» au sein de la Voie Lactée, résume Arnaud Cassan, de l'Institut d'astrophysique de Paris, principal auteur de l'article paraissant dans la revue scientifique britannique Nature.

Selon les calculs statistiques de son équipe, il y a en moyenne 1,6 planète par étoile dans notre galaxie.

«Les planètes sont d'autant plus nombreuses qu'elles sont petites», précise M. Cassan.

D'après les estimations de ces astronomes, 17% des étoiles ont une planète d'une masse comparable à Jupiter, 52% des planètes de la taille de Neptune et 62% des «super-Terre», des planètes de cinq à dix fois plus massives que la Terre.

«Il semble qu'il y a littéralement des milliards de planètes ayant des masses similaires à la Terre en orbite autour d'étoiles dans la Voie Lactée», relève son collègue Daniel Kubas dans un communiqué de l'Observatoire austral européen (ESO) installé au Chili.

Alors que l'équipe d'Arnaud Cassan s'est intéressée aux étoiles solitaires, une autre étude également publiée mercredi dans Nature montre que 1% des étoiles étroitement associées par paire («étoiles binaires») pourraient avoir une exoplanète géante orbitant autour du couple.

Des étoiles jouant le rôle de loupe

Notre galaxie compterait des millions d'exoplanètes ayant plusieurs soleils, selon William Welsh (Université de San Diego, États-Unis) dont l'équipe a identifié deux nouvelles planètes de ce type grâce au satellite Kepler qui avait déjà permis de détecter Kepler-16b, première planète dite «circumbinaire».

Plus de 700 exoplanètes ont été découvertes en seize ans, dont seulement une douzaine par «microlentille», la technique utilisée par l'équipe d'Arnaud Cassan qui a étudié pendant six ans des millions d'étoiles, en recherchant de tels effets de loupe.

Il s'agit d'un phénomène rare qui se produit lorsque deux étoiles sont parfaitement alignées dans notre ligne de visée: la masse de la plus proche va amplifier la lumière de la plus éloignée. Einstein a montré que la présence d'une masse modifie le trajet des rayons lumineux.

Si une planète orbite autour de l'étoile jouant le rôle de loupe, elle contribue aussi à l'effet d'amplification de la lumière. «Par la technique de microlentille, même une planète de très faible masse sera détectable, si on a un alignement géométrique favorable entre la planète et l'étoile», relève M. Cassan.

L'étude a porté sur des exoplanètes pouvant se trouver de 75 millions de km -la moitié de la distance Terre-Soleil- à 1,5 milliard de km de leur étoile et ayant une masse comprise entre entre cinq fois celle de la Terre et dix fois celle de Jupiter.

Trois exoplanètes de différentes tailles ont été détectées grâce à plus de 3.200 effets de microlentilles recensés de 2002 à 2007. Un résultat «impressionnant» pour cette technique, laissant présager l'abondance des exoplanètes au sein de la galaxie, souligne l'ESO. Une part importante des données a été collectée grâce à un télescope danois de l'observatoire de La Silla au Chili.