Un géologue de l'Université McGill a trouvé le rocher le plus ancien au monde dans la péninsule de l'Ungava. Vieux de 4,3 milliards d'années, il bat de 300 millions d'années son plus proche concurrent, et pourrait même faire reculer de presque un milliard d'années les débuts de la vie.

«Nous avons utilisé une nouvelle méthode de datation», explique l'étudiant au doctorat Jonathan O'Neil, qui publie sa découverte dans la revue Science. «Nous avons évalué la présence de néodyme-142, un élément radioactif qui a disparu rapidement et n'est plus présent après 4,1 milliards d'années.» La Terre s'est formée il y a 4,5 milliards d'années.

L'un des aspects les plus enthousiasmants des travaux de M. O'Neil est la présence de formations de fer habituellement associées à l'activité biologique. «Certains avancent qu'il y a des traces de vie à 3,8 milliards d'années, mais les premiers fossiles bien établis remontent à 3,4 ou 3,5 milliards d'années.» L'autre conséquence importante de la découverte est qu'il sera possible de mieux comprendre la formation des premiers continents et des plaques tectoniques, des océans et de l'atmosphère.

Le précédent détenteur du record était un rocher des Territoires-du-Nord-Ouest découvert il y a une dizaine d'années. Ensuite, il faut aller au Groenland et en Chine pour trouver des rochers de 3,8 milliards d'années, ou en Afrique-du-Sud et en Australie pour des rochers de 3,6 milliards d'années. Les géologues ont déniché en Australie une pierre, du zircon, qui date de 4,36 milliards d'années, mais elle était emprisonnée dans un rocher plus jeune. La méthode habituelle de datation de rochers aussi vieux utilise d'ailleurs le zircon, une pierre extrêmement résistante, dont on analyse la teneur en uranium et en plomb. Il n'y avait toutefois pas de zircon dans les rochers de l'Ungava.