L'analyse du génome d'une partie de la cellule de l'ours des cavernes, réalisée par des chercheurs français, montre que cette espèce qui s'est éteinte il y a 15 000 ans et l'ours brun ont divergé il y a quelque 1,6 million d'années.

Les scientifiques, qui publient lundi leurs résultats dans la revue américaine Proceedings of the National Academy of Sciences, ont fait cette découverte en étudiant un os d'ours des cavernes (Ursus spelaeus) mis au jour dans la grotte Chauvet-Pont d'Arc (Ardèche - sud de la France),.

À partir de matière organique bien conservée, ils ont «purifié, amplifié et séquencé l'ADN de cet échantillon», et obtenu le génome complet, «composé de 17 000 nucléotides» (molécules biologiques) de la mitochondrie (partie cytoplasmique de la cellule), selon un communiqué du Commissariat à l'énergie atomique (CEA) et du Centre national de la recherche scientifique (CNRS).

La mitochondrie «contient un ADN (...) qui fournit une information précise concernant l'évolution des organismes», se comportant comme «une "horloge moléculaire" qui permet de définir à quelle époque deux espèces ont divergé», précise les deux organismes.

Ces travaux ont ainsi permis de «montrer que le dernier ancêtre commun à l'ours des cavernes et l'ours brun vivait il y a 1,6 million d'années». Cet ours primitif est également un ancêtre de l'ours polaire.

Jusqu'à présent, rappellent les auteurs de l'étude, les seuls génomes d'espèces éteintes décryptés étaient ceux du moa, un oiseau disparu il y a quelques centaines d'années, du mammouth laineux et du mastodonte, animaux vivant au pléistocène (1,6 million d'années).

La grotte Chauvet-Pont d'Arc, connue pour ses peintures pariétales, contient des milliers de restes d'ours des cavernes, dont la datation au carbone-14 a permis de découvrir que ces animaux y étaient présents il y a 32 000 ans.

L'ours des cavernes a vécu en Europe et au Proche-Orient de 300 000 ans à il y a 15 000 ans, époque où il a disparu.

Les analyses sur l'ADN mitochondrial ont été notamment réalisées par les chercheurs de l'Institut de Biologie et Technologies du CEA de Saclay (iBiTec-S).

La méthode utilisée, affirment les scientifiques, «démontre qu'il est possible d'obtenir les génomes de la mitochondrie d'animaux dont les restes sont trouvés dans le milieu souterrain, un environnement qui contient des ossements d'une grande variété d'espèces disparues». Jusqu'à présent, de telles études ne pouvaient être faites qu'à partir de la chair d'animaux figés dans le pergélisol de régions comme la Sibérie.