L'Égypte s'affirme prête à faire mercredi des révélations sur la filiation de Toutankhamon, un des grands mystères de l'antiquité pharaonique, sur la base d'analyses d'ADN.

L'annonce doit être faite au musée archéologique du Caire, où est exposé le fabuleux trésor découvert en 1922 dans la tombe du jeune pharaon de la XVIIIème dynastie, décédé il y a plus de 3000 ans.

Le patron des antiquités égyptiennes, Zahi Hawass, a déclaré être en mesure de révéler «des secrets sur la famille et la filiation de Toutankhamon, sur la base des résultats d'examens scientifiques de sa momie après des analyses d'ADN».

La plus grande confidentialité a été observée jusqu'à présent sur les résultats des examens concernant la généalogie du pharaon, qui n'aurait régné qu'une dizaine d'années autour de 1330 av. J.-C.

M. Hawass, opposé à ce que ces analyses soient faites à l'étranger, avait annoncé en juin 2009 que des chercheurs égyptiens allaient tenter de briser l'énigme de la filiation de l'enfant-pharaon.

La momie du jeune prince proclamé roi à l'âge supposé de neuf ans a été découverte dans un sarcophage en or massif orné de turquoises par l'archéologue anglais Howard Carter, dans la Vallée des Rois, près de Louxor.

La tombe comprenait un trésor funéraire exceptionnel, notamment le masque de la momie en or massif, qui a largement contribué à faire de Toutankhamon l'un des pharaons les plus connus avec Khéops ou Ramsès II, même si son règne fut beaucoup plus modeste.

La possibilité d'une filiation avec Néfertiti, à la beauté légendaire, et un décès à la sortie de l'adolescence font que «la part romantique de cette histoire est incontestable», relève l'égyptologue français Marc Gabolde, spécialiste du jeune roi.

Mais malgré d'intenses recherches, son ascendance exacte n'a pas, jusqu'à présent, pu être déterminée avec certitude.

L'hypothèse privilégiée par une majorité d'historiens veut qu'il soit le fils d'Akhénaton (Amenhotep IV), artisan d'une tentative d'introduction d'une forme de monothéisme. Mais d'autres pensent au prédécesseur d'Akhénaton, le pharaon Amenhotep III, ou encore à son successeur, Smenkhkare.

Les pistes sont encore plus brouillées pour sa mère. Néfertiti, épouse d'Akhénaton, fait partie des possibilités, de même que Kiya, une épouse secondaire du même roi. Autre hypothèse, celle que sa nourrice, Maïa, soit aussi sa mère.

Tout comme sa filiation, les circonstances exactes de sa mort -maladie, accident ou meurtre- restent une énigme. Toutankhamon est mort sans descendance connue, mais les momies de deux bébés mort-nés ont été découvertes dans sa sépulture, dont on suppose qu'ils étaient de lui.

Le monde de l'archéologie est partagé entre l'espoir d'une percée scientifique et historique et mises en garde sur le caractère encore aléatoire des analyses d'ADN pour des recherches aussi précises sur des restes humains vieux de plusieurs millénaires.

Aucune momie n'a par ailleurs été retrouvée pour certains membres importants de la famille présumée de Toutankhamon, limitant le champ des comparaisons.

Bien que la momie du jeune pharaon soit en relativement bon état, «les tests ADN en archéologie ne sont pas suffisants» affirme Abdel Halim Noureddine, professeur d'archéologie à l'Université du Caire.

«Il faut d'autres preuves archéologiques qui nous permettent d'établir avec certitude la généalogie de Toutankhamon.»

Michel Wuttmann, de l'Institut français d'archéologie orientale (IFAO), au Caire, espère néanmoins que ces études permettront de progresser dans le domaine de l'utilisation de l'ADN. «Nous serons ravis de disposer d'un instrument fiable et d'une procédure validée pour beaucoup d'autres études, souvent moins spectaculaires.»