Fortement recommandée lors de l'épidémie de grippe A (H1N1), la désinfection des mains avec un gel antiseptique ne fait pourtant guère de différence dans le taux d'infection, révèle une étude publiée dimanche.

«Un désinfectant des mains à base d'alcool n'a pas réduit de façon notable la fréquence de l'infection avec les rhinovirus - responsables notamment du rhume - ou du virus de la grippe», écrivent les auteurs de cette étude, menée par le Dr Ronald Turner, de l'Université de Virginie.

La nouvelle, tirée de la première journée de la 50e conférence annuelle de l'Interscience Conference on Antimicrobial Agents and Chemotherapy, à Boston, a connu un retentissement médiatique certain.

Deux groupes de participants

L'étude a été menée sur 212 participants répartis en deux groupes. Dans le premier, les participants se sont lavé les mains toutes les trois heures pendant dix semaines et ont aussi utilisé du gel hydroalcoolique, alors que l'autre groupe n'a pas suivi d'instructions particulières.

Les résultats démontrent que les participants du premier groupe sont moins nombreux à avoir été malades (59% d'entre eux l'ont été, contre 88,5% de ceux du deuxième groupe). En revanche, 12% des participants qui se sont lavé les mains plus souvent ont été touchés par l'influenza, contre 15% des autres.

Du côté des rhinovirus, 42% des participants qui se sont lavé les mains ont été infectés, contre 51% de ceux qui n'ont pas pris de précautions particulières.

«Les résultats de cette étude laissent penser que l'hygiène des mains pourrait avoir moins d'importance que ce qu'on pensait dans la transmission des rhinovirus et du virus de la grippe», disent les chercheurs.

Des résultats contestés

Un avis que ne partage pas le Dr Karl Weiss, microbiologiste et infectiologue à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont. «C'est au contraire une étude qui montre une baisse de l'incidence des infections respiratoires», dit-il par courriel. D'après M. Weiss, les premiers résultats de cette étude ne permettent pas encore de tirer de conclusion sur l'influenza.

- Avec AFP