Abandonné par Ottawa dans le dernier budget fédéral, Génome Canada a déjà avisé ses partenaires européens qu'il devait se retirer des projets qui étaient prévus cette année.

Selon le président de Génome Canada, le docteur Martin Godbout, cette situation se traduira par l'abandon de plusieurs projets de recherche internationaux et par la poursuite d'autres sans participation canadienne.M. Godbout ajoute que deux projets d'importance étaient dirigés par des chercheurs canadiens qu'il a dû aviser, à contrecoeur, de l'interruption de leurs travaux, faute de fonds.

Génome Canada, un organisme privé sans but lucratif mis sur pied en 2000, est en quelque sorte une agence de financement de projets de recherche en génomique. L'organisme récolte des fonds fédéraux et, pour chaque dollar reçu d'Ottawa, s'engage à recueillir un autre dollar de sources diverses.

Les sommes qui lui sont consenties par Ottawa varient d'une année à l'autre; depuis 2000, l'organisme n'a jamais reçu moins de 60 millions $ ou plus de 165 millions $. L'an dernier, Génome Canada avait obtenu 140 millions $ du fédéral.

C'est cette contribution d'Ottawa qui sert de moteur aux efforts parallèles de financement et, en bout de ligne, qui est la base du soutien à la recherche.

Selon Martin Godbout, la survie de Génome Canada n'est pas en jeu mais sa réputation sera sévèrement affectée. Il estime qu'il sera difficile, désormais, de convaincre les partenaires financiers de contribuer puisqu'il s'attend à ce que ceux-ci mettent en doute la volonté réelle d'Ottawa de soutenir les efforts de façon continue à long terme.

Pire encore, le docteur Godbout fait valoir que, pour chaque tranche de 100 millions $ qu'Ottawa n'investit pas, il perd 120 millions $ d'investissement en recherche d'autres sources. Qui plus est, la décision de laisser tomber ces efforts met en péril quelque 2300 emplois de chercheurs de très haut niveau, selon M. Godbout.

Celui-ci dit craindre que l'argent et les chercheurs trouvent refuge ailleurs, là où l'argent sera disponible.

Il dit comprendre et approuver la décision d'Ottawa de concentrer ses efforts dans l'infrastructure et croit que son organisme a tout simplement été oublié dans le tumulte de la crise. Il rappelle toutefois que l'on a beau investir dans la construction de nouveaux laboratoires, ceux-ci ne seront guère utiles si on oublie de financer les projets et les chercheurs qui les pilotent.

Depuis 2000, le gouvernement canadien a investi 840 millions $ dans Génome Canada, auxquels se sont ajoutés près de 1 milliard $ de cofinancement de différents partenaires et d'intérêts accumulés. Ces fonds additionnels ont été obtenus grâce au développement de partenariats et de collaborations établis avec le secteur privé, le secteur public et les organisations philanthropiques, au Canada et ailleurs.

L'agence supporte présentement 33 projets majeurs de recherche. Génome Canada s'attarde principalement aux domaines de la santé humaine, de l'agriculture, de l'environnement, de la foresterie, des pêches et du développement de nouvelles technologies.