Une équipe internationale de chercheurs a découvert pour la première fois deux variations génétiques liées à un accroissement du risque d'attaque cérébrale, ouvrant la voie à des traitements qui ciblent les mécanismes moléculaires de cette pathologie, selon une étude publiée mercredi.

«Il s'agit de la première étude à identifier une variation génétique commune liée au risque d'accident vasculaire cérébral aux Etats-Unis», souligne le Dr Eric Boerwinkle, professeur de génétique à l'Université du Texas, un des auteurs de ces travaux parus dans l'édition en ligne du New England Journal of Medicine.

Cette recherche basée sur l'analyse de données provenant de quatre études génomiques étendues portant sur plus de 19 000 personnes aux États-Unis et en Europe révèle que 20% des Blancs et 10% des Noirs ont au moins une copie de cette variation génétique.

Ces chercheurs ont déterminé que chaque copie augmente le risque d'accident cérébral ischémique d'environ 30%.

L'attaque ischémique compte pour près de 90% des accidents vasculaires cérébraux et résulte d'un blocage de la circulation sanguine dans le cerveau.

Les autres 10% sont causées par une hémorragie dans le cerveau.

Plus de 150 000 Américains meurent chaque année d'attaque cérébrale ischémique ce qui en fait la troisième cause de mortalité après les maladies cardiovasculaires et le cancer.

Les victimes qui survivent ont de graves séquelles invalidantes.

«La découverte de gènes contribuant aux accidents vasculaires cérébraux représentait un défi de taille car il existe de nombreux types d'attaque cérébrale», explique le Dr Christopher O'Donnell, principal conseiller du directeur de recherche sur le génome humain aux Instituts nationaux de la santé (NIH).

«Les résultats de cette recherche fournissent une preuve solide de l'existence d'une gène jusque là inconnu prédisposant aux accidents vasculaires cérébraux et que d'autres de ces gènes seront probablement mis au jour améliorant nos chances de réduire le nombre des victimes de cette maladie», ajoute-t-il.

Le Dr Elizabeth G. Nabel, directrice de l'Institut national américain du coeur, des poumons et du sang (NHLBI) note «que cette étude, en combinant les résultats d'essais cliniques avec les technologies génomiques de pointe, nous rapproche de l'ère de la médecine personnalisée».

«Cette étude permet de délimiter la zone sur le génome où nous pouvons intensifier nos recherche», explique la Dr Myriam Fornage, de l'Université du Texas, principal auteur de ces travaux.

Dans leur recherche, ces chercheurs ont trouvé deux marqueurs liés à un accroissement du risque d'attaque cérébrale en comparant le génome ou l'ADN de 1544 personnes qui en avaient été victime avec le génome de 18.058 autres sujets n'ayant jamais eu d'accident vasculaire cérébral.

Les études génomiques comparatives sont un instrument de recherche relativement nouveau qui permet aux chercheurs de rapidement scanner le génome de nombreuses personnes de manière à détecter des variations génétiques ou des défaut liés à une maladie en particulier.

Cette technique a révélé un grand nombre de liens entre des variations génétiques spécifiques et des maladies comme le diabète adulte ou de type 2, l'obésité ou des troubles cardiaques.

Cette technique a été rendue possible après l'achèvement du séquençage du génome humain en 2003 et du projet international dit HapMap en 2005.