Le type de bactérie E. coli qui a tué plusieurs dizaines de personnes en Allemagne est un mélange génétique rendu particulièrement dangereux par sa susceptibilité à s'attacher à la paroi intestinale, selon une étude publiée mercredi dans le Lancet.



Une équipe conduite par Helge Karch, professeur à l'université de Münster, a analysé l'ADN de selles de 80 patients souffrant de SHU, soumises à un laboratoire de Münster entre le 23 mai et le 2 juin.

Ils ont établi que le germe O104:H4 -différent de celui trouvé dans des steaks consommés à Lille- est d'un type rare, équivalent à celui détecté en Allemagne en 2001.

Sa virulence vient de la combinaison de deux souches, une souche Eceh (E.coli entérohémorragique), qui relâche des shiga-toxines, et une souche Eaec (E. coli entéroaggrégatif), qui colle aux cellules épithéliales tapissant l'intestin.

Ce qui diffère du germe de 2001, c'est la présence de gènes qui le rendent résistant à une large classe d'antibiotiques, les bêtalactamines, dont font partie les pénicillines et les céphalosporines. En revanche, il réagit aux carbapénèmes.

De ce fait, l'utilisation pour les combattre de bétalactamines pourrait avoir aggravé la situation, en supprimant des germes rivaux, selon l'étude.

«L'adhérence renforcée de cette souche aux cellules épithéliales peut avoir facilité l'absorption systémique des shiga-toxines et pourrait expliquer la fréquence des cas de SHU», estime l'étude.

Près d'un quart des personnes infectées ont développé un syndrome hémolytique urémique (SHU), une atteinte grave qui peut déboucher sur une insuffisance rénale.

À la date du 20 juin, l'épidémie a fait 39 morts, dont 38 en Allemagne et 810 cas de SHU. 2684 personnes ont été atteintes, sans SHU mais avec des diarrhées sanglantes, indique l'étude.

La plupart des gens qui ne sont infectés que par la bactérie Eceh se remettent totalement, et moins de 10% développent des complications sérieuses, incluant le SHU.