L'homme et son chromosome Y restent promis à un bel avenir, selon une étude publiée mercredi qui porte un coup aux théories prédisant la disparition progressive du chromosome portant chez les mammifères le ou les gènes déterminant le sexe masculin.

Le chromosome Y de l'homme, petit bout du génome fragilisé dont la taille s'était considérablement réduite depuis 300 millions d'années, risquait de finir par être privé de tous ses gènes, argumentaient les propagateurs de la théorie du Y «pourri».

Depuis une dizaine d'années, «je ne pouvais plus parler devant un auditoire sans qu'on m'interroge au sujet du Y en voie de disparition», relève David Page du Massachusetts Institute of Technology (MIT), dont l'équipe vient de contredire cette thèse dans la revue scientifique britannique Nature.

Cette étude «réfute simplement l'idée d'une disparition du chromosome Y», assure le professeur Page dans un communiqué de l'Institut Whitehead de recherche biomédicale du MIT.

Après avoir un temps «perdu des gènes à un rythme incroyablement rapide», le chromosome Y s'est stabilisé depuis 25 millions d'années, expliquent David Page et ses collègues.

Ils ont fait ce constat en comparant le chromosome Y de l'homme avec celui du singe rhésus macaque qui ont eu un ancêtre commun. Ce singe dit de «l'Ancien Monde» a évolué depuis 25 millions d'années sur une voie différente de celle des ancêtres de l'homme.

La comparaison montre que le chromosome Y du singe rhésus, qui a été séquencé pour réaliser cette étude, n'a pas perdu un seul gène ancestral depuis 25 millions d'années.

Durant cette période, le chromosome Y de l'homme n'a perdu qu'un seul gène ancestral : un segment correspondant seulement à 3% de la totalité de ce chromosome.

Les chercheurs en concluent que le Y est resté virtuellement intact depuis 25 millions d'années, un signe de stabilité, après avoir perdu des centaines de gènes auparavant.

Les chromosomes X et Y déterminant le sexe (deux chromosomes X pour la femme, et un couple X Y pour l'homme) seraient apparus voici quelque 300 millions d'années au cours de l'évolution.

Chez certaines espèces, en particulier les reptiles, le sexe dépend de la température d'incubation des oeufs et non de chromosomes spécifiques.

Avant de se spécialiser, les chromosomes X et Y pouvaient échanger leurs gènes lors d'un processus de «recombinaison» entre chromosomes d'une même paire.

Maintenant isolé, le Y qui ne profite plus de ce brassage génétique, n'a conservé que 19 gènes sur les quelque 600 qu'il a autrefois partagés avec le chromosome X ancestral.

Cette dégénérescence du chromosome Y s'est déroulée en cinq étapes importantes, la dernière remontant à 30 millions d'années.