La circoncision ne réduit pas le risque de contracter le VIH chez les homosexuels, selon une importante étude publiée aujourd'hui. Le risque est pourtant réduit de 60% chez les hétérosexuels. Les auteurs de l'étude américaine avancent toutefois que les homosexuels qui n'ont que des rapports «insertifs», sans être eux-mêmes pénétrés, pourraient bénéficier de la protection de la circoncision.

«Pour les homosexuels en général, la circoncision ne réduit pas de manière significative la transmission du VIH», explique Gregorio Millett, l'auteur principal de l'étude, publiée dans le Journal de l'Association médicale américaine, spécialiste de la santé publique aux Centres de contrôle des maladies du gouvernement américain (CDC). «Mais des études péruviennes et australiennes, qui portaient sur des homosexuels exclusivement insertifs, et dont les résultats ont été dévoilés dans une conférence voilà quelques semaines, montrent que chez cette clientèle la circoncision est aussi efficace que pour les hétérosexuels. Nous tiendrons compte de ces résultats dans l'avis officiel sur la circoncision que les CDC émettront l'an prochain.»

Le lien entre la circoncision et le sida a été remarqué dans les années 80 en Afrique. Mais il a fallu une quinzaine d'années pour que soit écartée la possibilité que le taux plus bas d'infection des circoncis hétérosexuels s'explique par l'islam -dont la polygamie réduit parfois le recours à la prostitution chez les hommes mariés. Le lien biologique est clair: le prépuce contient des cellules particulièrement sensibles au VIH. Dans un contexte hétérosexuel, la circoncision protège les hommes, et non les femmes.

Certains chercheurs, comme Mark Wainberg, sommité montréalaise qui pratique à l'Hôpital juif et enseigne à McGill, pensent toutefois que le lien établi en Afrique ne se transpose pas nécessairement au Canada, parce qu'une partie des avantages de la circoncision en Afrique tient au fait qu'elle compense pour les lacunes sanitaires qui empêchent les hommes de se laver après des relations sexuelles. Le Dr Wainberg estime que l'étude des CDC est intéressante, mais qu'elle a des lacunes. Il n'est pas convaincu par l'une des hypothèses de la métaanalyse, qui voulait expliquer pourquoi les études publiées avant 1996 montraient un effet protecteur de la circoncision pour tous les homosexuels, mais pas celles publiées depuis. Les chercheurs des CDC avancent que les jeunes homosexuels utilisent de moins en moins les préservatifs à cause de l'efficacité de la trithérapie, et ainsi que les bénéfices de la circoncision sont annulés.