«Indescriptible»: l'agriculteur allemand ayant bénéficié en août de la première greffe des deux bras au monde était à court de vocabulaire pour raconter son aventure mercredi, lors de sa première apparition publique.«Je suis si heureux d'avoir à nouveau des bras après en avoir été privé pendant six ans», a déclaré timidement Karl Merk, 54 ans, lors d'une conférence de presse télévisée depuis Munich (sud de l'Allemagne).

«Je ne peux pas décrire la joie que j'ai ressentie», a-t-il ajouté, après l'opération qui a duré 15 heures les 25 et 26 juillet et à laquelle ont participé une équipe de 40 spécialistes à la clinique de l'université technique de Munich, Klinikum rechts der Isar.

Cet homme costaud au fort accent bavarois, manifestement intimidé par les micros et les caméras, a dit pouvoir «déjà bien bouger les bras», et espère bientôt «manger à nouveau proprement» et «s'habiller seul». Et faire «un peu de patin à roulettes», a-t-il ajouté.

Pour l'instant il ne sent que des «fourmillements» dans les bras, qui sont encastrés dans des sortes de corsets de soutien.

Ses médecins se sont dits optimiste, soulignant néanmoins qu'il faudrait encore au moins deux ans avant de pouvoir crier victoire.

Le professeur Christoph Höhnke, qui a dirigé l'intervention, a dit espérer que son patient serait de retour à la ferme d'ici quatre à six semaines.

«Je suis sûr que notre patient pourra réaliser un jour l'un de ses voeux les plus chers, et boire un verre de lait trait de ses propres mains», a-t-il dit.

Karl Merk a été amputé de ses deux bras jusqu'aux épaules lors d'un accident du travail.

Après avoir tenté sans succès à deux reprises d'utiliser des prothèses hautement sophistiquées, il s'est tourné vers cette clinique bavaroise spécialisée dans la chirurgie plastique et des mains.

«Les prothèses étaient très difficiles à mettre, il fallait une demi-heure» et «cela ne marchait pas», a expliqué le patient qui a attendu trois mois avant de recevoir un don de deux bras, à la suite d'une procédure qui a duré plusieurs années.

«Jamais autant de tissus étrangers n'avaient été transplantés à un être humain», a souligné la clinique.

La difficulté de l'opération, «c'était la combinaison d'une transplantation d'organe et une transplantation de moelle osseuse», très présente dans le bras, a souligné Manfred Stangl, responsable du service de transplantation de la clinique.

Mais l'équipe médicale n'a constaté «aucune réaction immunologique», a-t-il ajouté, se disant «très optimiste» pour la suite, le risque de rejet s'amenuisant «de jour en jour».

Karl Merk, dont le «système cardio-vasculaire était affaibli» après l'opération, a pu quitter le service de soins intensifs au bout de 10 jours, a indiqué le professeur Höhnke.

«Il a fantastiquement joué le jeu», a-t-il affirmé, soulignant la force de caractère de son patient qui «doit réapprendre à avoir des bras».

Pour cela, il doit suivre un programme de rééducation intensif digne d'«un emploi du temps de 40 heures ou plutôt 50 heures par semaine» comprenant de la gymnastique, de l'électrothérapie et un traitement neuro-cognitif afin d'empêcher la dégénération musculaire, selon M. Höhnke.

Mais il lui faudra de la patience et beaucoup de courage, ont souligné les médecins.

La phase de rééducation va durer «probablement deux ans et après on pourra dire si l'opération a pleinement réussi dans son ensemble», a prévenu M. Höhnke, «très optimiste que M. Merk continue de faire des progrès et qu'il parvienne à la fin à son objectif à utiliser ses mains».