L'Association canadienne des dons d'organes (ACDO) rend hommage aujourd'hui à 182 donneurs. Mais comment se déroule le processus de prélèvement des organes qui seront transplantés dans les heures suivantes? La Tribune y a assisté.

Une véritable course à la vie peut s'enclencher à tout moment au Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CHUS) lorsque le tragique destin frappe et qu'une mort neurologique est imminente.

 

Aussitôt que la mort cérébrale d'une personne est confirmée, le processus de prélèvement d'organes se met en branle. Une délicate opération s'enclenche, réglée au quart de tour entre l'hôpital où l'on prélève les organes et ceux où ils serviront à sauver des vies.

Dans la salle d'opération où la chirurgienne Anne Méziat-Burdin et son équipe s'apprêtent à réaliser une délicate intervention, il règne une certaine sérénité. «J'aborde cette intervention comme n'importe quelle autre sur le plan technique. Cependant, sur le plan émotionnel, c'est différent. Nous savons que nous allons prélever les organes pour des receveurs», explique la Dre Méziat-Burdin.

Le chronomètre part lorsque le coeur est clampé, c'est-à-dire que l'on cesse l'apport d'oxygène au donneur. Dans l'espace restreint et stérile, sept personnes s'activent à prélever les organes.

C'est lors de cette phase de l'opération que la tension atteint son paroxysme. Trois équipes de spécialistes travaillent en même temps pour prélever des organes qui serviront à sauver des vies partout au Québec, mais aussi ailleurs au Canada.

«Il faut travailler en équipe. La coordination de tous est essentielle. Une fois le prélèvement commencé, il faut s'entendre sur le moment de clamper le coeur et sur les endroits où l'on sépare les organes. Ils sont prélevés toujours dans le même ordre en commençant par le coeur et les poumons. Ce sont ceux qui supportent le moins bien de ne plus être irrigués qui vont être prélevés et transplantés en premier», explique la Dre Méziat-Burdin.

Dans un laps de temps de quatre à six heures, la vie de deux personnes reprendra un nouvel élan grâce à celle qui fait don de son coeur et de ses poumons.

«Il faut s'assurer que tout soit stérile, autant la solution pour irriguer les tissus que la glace qui sert à conserver les organes. C'est ce qui garde les tissus sains», explique l'infirmière instrumentiste au CHUS Johanne Hébert.

La course contre la montre se poursuit alors que le foie est déposé dans une glacière et est acheminé à toute vitesse. Il sera transplanté dans les 12 heures. Moins d'une heure après le prélèvement du premier organe, les reins sont délicatement retirés du donneur. Avec un soin méticuleux, on assure leur conservation afin qu'ils puissent sauver une, si ce n'est deux autres vies dans les 24 heures.

Avec le même soin qu'elle a pris pour prélever les organes, la Dre Méziat-Burdin achève l'intervention. «C'est certain que nous avons toujours une pensée pour le donneur. Je ne veux pas aller rencontrer les familles, afin de ne pas entrer dans les sentiments. Nous avons une intervention à faire dans le plus grand respect du patient. C'est impressionnant que des personnes aient la générosité de vouloir en aider d'autres après leur décès», souligne Anne Méziat-Burdin.

Les intervenants des différentes étapes du prélèvement d'organes s'entendent pour dire que l'atmosphère entourant un prélèvement d'organes est très spéciale. En 3h35, l'équipe du CHUS aura coordonné et réalisé une intervention qui permettra à au moins six personnes d'améliorer considérablement leur qualité de vie.

Si la vie s'est éteinte chez une personne, son don aura permis de la préserver pour tant d'autres.