Des chercheurs britanniques ont trouvé comment fonctionnait le tamoxifène, un médicament essentiel pour nombre de femmes souffrant d'un cancer du sein, et pourquoi chez certaines d'entre elles il était inopérant.

De nombreux cancers du sein se développent sous l'action de l'hormone féminine oestrogène et peuvent donc être traités par des médicaments bloquant les effets de l'hormone. C'est ainsi que le tamoxifène, mis au point il y a trente ans et administré en général cinq ans après l'irruption de la maladie pour empêcher les récidives, a contribué à réduire les décès par cancer du sein dans les pays développés.

De nos jours, plus de 80% des femmes chez lesquelles ce cancer a été décelé sont encore en vie cinq ans après le diagnostic, contre 50% il y a 30 ans, selon l'institut britannique de recherche sur le cancer à Cambridge (Cancer Research UK : www.cancerresearchuk.org).

Le tamoxifène est par ailleurs utilisé en préventif chez des femmes ménopausées à très haut risque de cancer du sein.

Les chercheurs, dont les travaux sont publiés dans la revue britannique spécialisée Nature, ont pu établir le mode opératoire du tamoxifène, dont on savait seulement jusqu'à maintenant qu'il empêchait l'oestrogène de multiplier les cellules cancéreuses.

Selon l'étude menée sous l'autorité du chercheur Jason Carroll, le médicament utilise une protéine, la Pax2, pour brider à l'intérieur même de la cellule cancéreuse le gène ErbB2 qui permet l'exposition de la cellule à l'oestrogène et cause la division cellulaire, et donc la multiplication des cellules cancéreuses.

La résistance au tamoxifène intervient quand la Pax2 ne bride pas le gène, ne pouvant donc enrayer le développement d'une tumeur.

L'équipe de chercheurs a réussi à établir que plus le niveau de Pax2 était haut, plus les chances de survie étaient importantes.

Elle a constaté aussi que dans les tumeurs des personnes résistantes au tamoxifène on trouvait de hauts niveaux d'une autre molécule, la AIB-1, en compétition avec la Pax2 pour l'expression du gène ErbB2. Au total, le rapport Pax2/AIB-1 prédit l'efficacité du tamoxifène, souligne l'étude.