La maladie d'Alzheimer est précédée, six à douze ans en moyenne avant le diagnostic avéré de cette démence, par différents troubles comme des difficultés de mémoire et de concentration, selon une étude réalisée auprès de 3800 Français.

«Les résultats suggèrent que le diagnostic précoce d'Alzheimer devrait être possible jusqu'à plus de dix ans avant le début du stade de démence avérée», selon les chercheurs.

Sur 3777 sujets de 65 ans examinés tous les 1 à 3 ans, 350 ont développé une démence d'Alzheimer pendant quatorze ans de suivi médical, selon l'étude publiée lundi par la revue spécialisée américaine, Annals of Neurology.

Il est apparu que leurs scores à quatre tests neuropsychologiques commençaient à décliner significativement, par comparaison avec les sujets qui ne sont pas devenus déments, 10 à 13 ans avant le diagnostic d'Alzheimer. Les plaintes de troubles de mémoire et les sentiments dépressifs sont exprimés 8 à 10 ans avant le diagnostic et les difficultés à réaliser des tâches un peu complexes (téléphoner, utiliser l'argent ou les transports, gérer les médicaments) 5,5 à 6,5 ans avant le diagnostic.

«C'est beaucoup, beaucoup, plus long que ce que l'on pensait jusqu'ici», relève le Pr Jean-Marc Orgogozo, l'un des auteurs de l'étude conduite avec le Pr Jean-François Dartigues (Inserm-université de Bordeaux).

«Les troubles décrits dans l'article se manifestent 6 à 12 ans en moyenne avant le diagnostic, c'est-à-dire 3 à 9 ans avant ce que l'on arrive à détecter aujourd'hui dans les centres spécialisés», souligne le Pr Orgogozo.

Selon ce spécialiste, il s'agit de «la première démonstration convaincante, à grande échelle», d'une «longue évolution silencieuse».

Dès qu'un test fiable de dépistage sera validé, peut-être dans 2-3 ans, on pourra envisager des essais thérapeutiques chez des sujets apparemment normaux, bien avant le stade de la démence handicapante.

Traiter à un stade plus précoce pourrait augmenter les chances de succès, selon le Pr Orgogozo. «Aucun traitement n'est actuellement capable de bloquer ou de réellement ralentir la maladie», rappelle-t-il.