Les médicaments antipsychotiques accroissent sur le long terme la mortalité des patients atteints de la maladie d'Alzheimer, selon une étude britannique publiée vendredi en ligne dans The Lancet Neurology.

Les médicaments utilisés pour traiter les psychoses, comme la schizophrénie, sont souvent utilisés chez les malades d'Alzheimer pour apaiser l'agitation et l'agressivité, qui peuvent être dangereuses pour les patients et leur entourage.

Entre 30 et 60% des patients déments placés en établissements de soins en Europe et en Amérique du Nord sont traités avec des médicaments antipsychotiques, selon The Lancet Neurology.

De précédentes études ont montré un petit bénéfice à court terme (6 à 12 semaines) des traitements antipsychotiques sur les symptômes neuropsychiatriques de la maladie d'Alzheimer. Mais elles ont aussi mis en évidence des effets indésirables accrus.

L'étude de Clive Ballard (Centre Wolfson pour les maladies du vieillissement, King's College, Londres) a comparé entre 2001 et 2004 deux groupes de 64 patients Alzheimer, âgés de de 67 à 100 ans, résidant en institution au Royaume-Uni. L'un était traité par antipsychotiques (thioridazine, chlorpromazine, halopéridol, trifluorperazine ou rispéridone), l'autre recevait un placebo.

La survie à 12 mois était de 70% dans le groupe sous antipsychotiques contre 77% dans le groupe placebo. A deux ans, l'écart se creusait avec un taux de survie de 46% dans le groupe sous antipsychotiques contre 71% dans le groupe placebo. A 3 ans, les taux de survie étaient respectivement de 30% contre 59%.

Sur la totalité de la période, le risque de décès était plus faible de 42% dans le groupe placebo que dans le groupe antipsychotiques.

Les auteurs de l'étude concluent que les antipsychotiques de deuxième génération ont encore une place dans le traitement des manifestations neuropsychiatriques sévères de la maladie d'Alzheimer, en particulier l'agressivité. Mais ils estiment «urgent d'arrêter les prescriptions non indispensables et prolongées».

Plusieurs études ont montré qu'une prise en charge psychologique ou d'autres classes de médicaments, comme les antidépresseurs, pouvaient être une alternative aux antipsychotiques, ajoutent-ils.