Des travailleurs scientifiques canadiens ont réussi à ce que de nouveaux vaisseaux sanguins se développent en laboratoire, en injectant un matériau à base de collagène qui attire de nouvelles cellules sanguines à l'endroit désigné, qui à leur tour permettent de régénérer des tissus organiques.

Les chercheurs de l'Institut de cardiologie de l'Université d'Ottawa s'inscrivent parmi plusieurs groupes qui oeuvrent partout dans le monde à la création de vaisseaux sanguins pouvant remplacer ceux qui auraient été endommagés. Les maladies coronariennes peuvent, par exemple, potentiellement entraîner des crises cardiaques mortelles.

L'équipe de l'Institut a créé un matériau injectable qui créé une «charpente intelligente» à l'intérieur du corps, laquelle envoie des signaux à certaines cellules contenues dans le sang. Ces cellules, appelées progénitrices, peuvent à leur tour donner naissance aux type de cellules qui constituent le revêtement des parois des vaisseaux sanguins.

Le biomatériau parvient non seulement à attirer les cellules vers son emplacement dans le corps, mais il favorise également leur survie, les maintenant bien vivantes une fois qu'elles sont en place pour régénérer les vaisseaux sanguins, a expliqué le chercheur principal, Erik Suuronen, en entrevue depuis Ottawa. Le biomatériau permet aussi aux nouvelles cellules d'en attirer davantage.

Les recherches ont pour l'instant été menées auprès de rats de laboratoire.

«Nous avons découvert que notre charpente intelligente créait un nombre plus élevé de cellules progénitrices dans le sang, a expliqué M. Suuronen. Et lorsque nous avons regardé le tissu, au terme de la période d'observation de deux semaines, ces cellules étaient plus nombreuses dans le tissu musculaire qui avait été soigné avec la charpente intelligente, il y avait plus de vaisseaux sanguins.

«En utilisant un appareil qui mesure le débit sanguin, nous avons trouvé que l'irrigation et la circulation sanguine dans le membre étudié s'étaient améliorés», a-t-il souligné. Plusieurs vaisseaux sanguins se sont formés dans les jambes des rats, en contournant l'artère atrophiée, a-t-il également précisé.

M. Suuronen a illustré le procédé en comparant le muscle injecté du biomatériau à une fourmilière qui serait remplie d'eau.

«Ce n'est pas qu'un tube... Si vous mettez le tuyau d'arrosage dans une fourmilière, l'eau remplirait les espaces, les tunnels et les chambres. C'est un peu de cette façon que fonctionne la charpente, lorsque vous injectez le matériau dans un muscle, les nouveaux vaisseaux sanguins envahissant tous ces espaces», a indiqué le chercheur.

Le groupe souhaite, entre autres, réussir un jour à ce que de nouvelles artères coronaires se développent, afin de prévenir les crises cardiaques et de peut-être même éliminer le besoin de recourir aux pontages ou à l'implantation d'endoprothèse vasculaire.

Le chercheur principal au McEwen Center for Regenerative Medicine de Toronto, le Dr Ren-Ke Li, s'est dit très impressionné par l'étude menée par le groupe de l'Université d'Ottawa. Le problème du ralentissement du débit sanguin peut toucher tous les principaux organes humains et les chercheurs scientifiques espéraient depuis longtemps trouver un moyen de produire de nouveaux vaisseaux sanguins pour soigner une variété de maladies qui peuvent en découler.

M. Suuronen a précisé qu'il faudrait peut-être attendre quelques années avant que le biomatériau ne soit testé sur les humains.

L'étude a récemment été publiée sur Internet, dans le Journal of the Federation of American Societies for Experimental Biology.