Les nouveaux antipsychotiques prescrits pour traiter la schizophrénie, la démence et d'autres maladies mentales, doublent le risque des patients de décéder soudainement d'une défaillance cardiaque, selon une vaste étude publiée dans le New England Journal of Medicine (NEJM) daté de jeudi.

Cette recherche est la dernière d'une série de travaux parus au cours des derniers mois indiquant que ces nouveaux antipsychotiques dits «atypiques» ne sont pas plus sûrs que l'ancienne génération de traitements, contrairement à ce que la médecine pensait.

«L'étude a mis en évidence un accroissement similaire du risque de décès subit dû à une défaillance cardiaque qui est plus que deux fois celui des personnes ne prenant pas d'antipsychotiques», écrivent les auteurs de ces travaux.

Ces nouveaux antipsychotiques qui ont fait l'objet de cette étude, beaucoup plus chers que ceux de la génération précédente, sont notamment le Risperdal du laboratoire américain Johnson and Johnson, le Seroquel produit par la firme pharmaceutique britannique AstraZeneca ainsi que le Zyprexa de l'Américain Eli Lilly.

Ces trois antipsychotiques comptent parmi les dix médicaments de cette catégorie les plus vendus dans le monde, générant 14,5 milliards de dollars de ventes en 2007.

Certains médecins mettent en garde contre la pratique médicale actuellement répandue de prescrire ces médicaments pour traiter des maladies pour lesquelles ils ne sont pas autorisés par la FDA, l'agence américaine des médicaments.

Il s'agit notamment de la maladie d'Alzheimer chez les personnes âgées ou de l'hyperactivité des enfants.

L'équipe du Dr Wayne Ray de la Faculté de médecine de l'Université Vanderbilt à Nashville dans le Tennessee a analysé les dossiers médicaux de 276 907 patients âgés de 30 à 74 ans et découvert que ceux prenant les plus fortes doses de ces antipsychotiques couraient bien un risque deux fois plus élevé de défaillance cardiaque fatale.

Ces chercheurs ont déterminé que le risque équivaut à trois décès pour mille patients prenant ces nouveaux antipsychotiques pendant un an. Ce risque est similaire pour les anciens antipsychotiques.

Toutefois, le Dr Ray souligne que ces résultats ne signifient pas pour autant que les personnes traitées devraient arrêter de prendre ces médicaments.

«La leçon à tirer de cette étude est que les médecins doivent procéder à un examen cardiovasculaire approfondi avant de prescrire ces médicaments» et s'il n'y a pas d'alternative, ils doivent prescrire la dose la plus faible possible, explique ce médecin.

La FDA (Food and Drug Administration) avait conclu en juin 2008 que des mises en garde contre le risque accru de décès devaient figurer sur les boites des anciens antipsychotiques.

Ces médicaments peuvent avoir un effet négatif sur le flot sanguin de potassium, qui est essentiel pour un bon fonctionnement cardiaque.

Le groupe pharmaceutique américain Eli Lilly a annoncé jeudi le règlement pour plus de 1,4 milliard de dollars d'un contentieux avec les autorités américaines, portant sur la commercialisation de son traitement psychiatrique Zyprexa.

Eli Lilly va notamment payer 615 millions de dollars pour solder des poursuites engagées pour la prescription du Zyprexa pour des indications pour lesquelles il n'avait pas été autorisé, comme la maladie d'Alzheimer.