Certains patients souffrant de la maladie de Parkinson développent des toxicomanies comme le magasinage compulsif, le jeu pathologique et même l'hypersexualité. Le traitement médical explique en partie ces syndromes toxicomaniaques, révèle une étude montréalaise publiée aujourd'hui dans la revue scientifique Neuron.

Les personnes atteintes de la maladie de Parkinson, qui manquent de dopamine, sont traitées avec des agonistes de dopamine. Ce traitement favorise dans certains cas le développement et la persistance de toxicomanies, révèlent les chercheurs de l'Institut neurologique de Montréal, de l'Université McGill et de l'Université de Cambridge, en Angleterre. Cette découverte permet de mieux comprendre la toxicomanie, à travers la maladie de Parkinson. Le niveau de dopamine joue un rôle dans la toxicomanie et la maladie de Parkinson. Dans les deux cas, les systèmes du cerveau liés à la cognition et aux comportements sont affectés, a-t-on remarqué lors d'imageries cérébrales. La dopamine intervient dans le cerveau (striatum ventral) pour le contrôle du mouvement, des émotions, du plaisir et de la douleur.

«Dans certains cas, les patients atteints de la maladie de Parkinson ne peuvent plus se passer de leurs propres médicaments ou développent des toxicomanies comme le jeu pathologique, le magasinage compulsif ou l'hypersexualité», déclare le Dr Alain Dagher, neurologue à l'INM et coauteur de l'étude, dans un communiqué. Lors de Parkinson, l'incidence du jeu pathologique est plus élevée (8 %) que dans la population (1%).

«C'est étonnant, car l'incidence d'abus de médicaments chez les patients atteints de la maladie de Parkinson est typiquement très faible. De plus, ces patients manifestent un type de personnalité qui est à l'opposé de la personnalité typique du toxicomane, poursuit-il. Ces rares syndromes toxicomaniaques, qui semblent résulter d'un traitement dopaminergique excessif, illustrent le lien entre la dopamine, la personnalité et la toxicomanie.»

Ces problèmes toxicomaniaques cessent dès l'arrêt du médicament. En ajustant la posologie, on arrive à éliminer ces symptômes et garder les effets positifs sur le système moteur.

«Le phénomène de toxicomanie induit par les médicaments dopaminergiques lève aussi le voile sur la vulnérabilité à la toxicomanie de la population générale, indique-t-on à l'INM, par communiqué. Tout le monde n'est pas vulnérable de la même manière, et il semble maintenant que la propension à devenir toxicomane est en partie héréditaire. Nombre des gènes en cause dans la toxicomanie semblent affecter le taux de dopamine dans le cerveau. »

En comprenant mieux ce qui entraîne la pharmacodépendance dans le cerveau, les scientifiques pourraient éventuellement arriver à développer des médicaments pour traiter la dépendance aux drogues et autres toxicomanies et, du même coup, améliorer le traitement de la maladie de Parkinson.