Un composé antimicrobien présent dans des produits cosmétiques et dans la crème glacée pourrait bientôt être utilisé dans un gel vaginal et protéger les femmes contre le VIH. Le glycérol monolaurate (GML) pourrait avoir des effets prometteurs dans la lutte contre le sida selon une étude publiée dans la revue en ligne Nature.

Le GML est utilisé à plusieurs sauces. En plus d'être présent dans le lait maternel, il est réputé pour être un agent inhibiteur. «Le GML bloque par exemple les infections à la chlamydia, la gonorrhée et les infections vaginales. Il a aussi des propriétés anti-inflammatoires», explique le Dr Patrick Schlievert, microbiologiste à l'Université du Minnesota.C'est cette propriété anti-inflammatoire qui a intéressée le Dr Schlievert et ses collègues. Depuis plusieurs années, le groupe étudie la transmission du virus de l'immunodéficience simienne (SIV) chez les macaques. «La transmission du SIV chez les macaques est reconnue comme étant le modèle qui se rapproche le plus de la transmission du VIH chez l'humain», dit le Dr Ashley Haase, microbiologiste à l'Université du Minnesota.

L'équipe du Dr Haase savait déjà que dès qu'elles sont infectées au SIV, les guenons réagissent en ayant une réaction inflammatoire dans le vagin. «Plutôt que de ralentir la transmission du virus, cette réaction favorise le recrutement de cellules CD4+, soit celles justement visées par le virus», explique le Dr Haase.

Les deux chercheurs ont donc voulu savoir si l'application d'un gel de GML dans le vagin des macaques pouvait limiter l'inflammation et empêcher la transmission du virus SIV. Durant six mois, ils ont appliqué des gels contenant un mélange de GML et de Ky, un lubrifiant vaginal commercial, dans le vagin de guenons exposées au VIH.

Au bout de quelques mois, le résultat fut surprenant. «Sur cinq macaques qui ont été exposés à répétition au virus, aucune n'a été infectée», dit M. Haase.

Mais le chercheur reconnaît que des études à long terme devront être menées. Car cinq mois après la fin de l'étude, une des guenons est devenue infectée au SIV. «Nous avons été surpris de voir qu'un animal qui ne montrait aucun signe d'infection au début en a montré par la suite», dit M. Haase. On est donc encore bien loin d'une possible application chez l'humain.

À venir: Le Dr Réjean Thomas commentera cette découverte.