Des chercheurs français ont découvert une nouvelle stratégie de résistance aux antibiotiques développée par des bactéries consistant à détourner des corps gras présents dans le sang humain pour assurer leur propre croissance.

Ces travaux associant des chercheurs d'organismes publics -Inserm, Université Paris Descartes, INRA, CNRS - et de l'Institut Pasteur de Paris paraissent jeudi dans la revue scientifique britannique Nature.Claire Poyart (Institut national de la santé et de la recherche médicale), Patrick Trieu-Cuot (Pasteur) et leurs collègues ont montré que des bactéries dites «à Gram positif» pathogènes majeures pour l'homme (streptocoques, entérocoques et staphylocoques) sont capables d'utiliser les acides gras présents abondamment dans le sang humain pour constituer leur membrane.

Elles peuvent ainsi échapper à l'activité des antibiotiques, comme par exemple le triclosan, censés les empêcher de fabriquer leurs propres acides gras.

«Nous sommes partis d'observations effectuées sur les streptocoques du groupe B, principale cause d'infection chez les nouveau-nés», explique Claire Poyart.

A cours de leurs travaux, les chercheurs ont constaté que des streptocoques incapables de satisfaire à leur propre synthèse d'acides gras, faute de disposer des enzymes adéquates, sont incapables de croître dans les milieux de culture habituels in vitro en laboratoire.

En revanche, ces streptocoques mutants se développent très bien si l'on ajoute du sang humain à la culture en laboratoire et leur virulence est normale chez l'animal.

A la lumière de ces résultats révélant le «parasitisme» de ces bactéries pathogènes, les chercheurs soulignent l'importance d'évaluer l'activité des antibiotiques en se servant de tests qui miment les conditions réelles de l'infection et du traitement.

Les bactéries dites «Gram positif» sont celles qui apparaissent mauves au microscope grâce à une technique de coloration dite coloration de Gram et ce en raison des caractéristiques de leur enveloppe (membrane).