Une première mondiale, une greffe du visage accompagnée d'une greffe des deux mains, a été réalisée en France, à l'hôpital Henri-Mondor de Créteil, près de Paris, par deux pionniers de ces opérations sur un homme de 30 ans grièvement brûlé à la suite d'un accident.

«C'est un succès, il est en bon état général», a déclaré lundi à l'AFP l'un des chirurgiens, le Pr Laurent Lantiéri, commentant l'opération de près de 30 heures qui a débuté samedi soir, mobilisant 40 personnes. Le patient «est en phase de réanimation post-chirurgicale qui va durer une bonne quinzaine de jours».

Il est pour l'instant «maintenu en sommeil artificiel», a indiqué le Pr Jean Marty, chef du service d'anesthésie réanimation de l'hôpital.

Grièvement brûlé, il souffrait de graves séquelles «lui empêchant toute vie sociale» depuis un accident en 2004.

L'intervention a été pratiquée pour la face par l'équipe du professeur Laurent Lantiéri et du docteur Jean-Paul Meningaud (Henri Mondor) et pour les mains, par l'équipe du docteur Christian Dumontier (hôpital Saint-Antoine à Paris).

La reconstruction a nécessité d'abord la greffe des deux mains «prélevées au quart inférieur de l'avant-bras», au dessus du poignet, puis celle de la face. «Pour ce patient, il n'y avait pas d'autre solution», a souligné le Pr Lantiéri.

Toute la partie haute du visage au dessus des lèvres a été réimplantée : le cuir chevelu, le nez, les oreilles, le front, les joues et surtout les quatre paupières hautes et basses. «C'est la première fois qu'on greffe les paupières», a précisé le Pr Lantiéri devant la presse lundi. «Ses yeux étaient en danger». «Il faut voir si le nerf va repousser pour leur donner de la mobilité».

«C'est aussi la première greffe du visage sur un brûlé», a-t-il dit. Les lèvres elles étaient relativement bien conservées, a-t-il relevé.

«La greffe de mains - avec donneur décédé- est une technique de soins, certes exceptionnelle, mais ce n'est plus de la recherche», a relevé le Dr Christian Dumontier, spécialiste de cette chirurgie en indiquant qu'«une quarantaine ont été faites dans le monde».

«Tout a été rebranché, à savoir les nerfs, tendons, artères et veines», ont précisé les Hôpitaux de Paris.

Il s'agit de la sixième greffe de la face dans le monde mais de la première greffe simultanée du visage et des mains chez un même patient.

C'est la troisième greffe de visage faite par l'équipe du Pr Laurent Lantiéri. Sa dernière, datant de seulement dix jours, a permis à un jeune homme défiguré par un coup de fusil de bénéficier d'une greffe de toute la partie basse du visage, sous les paupières. «Il va bien», a précisé lundi le Pr Lantiéri.

En 2007, il avait également réalisé une greffe de la face sur un jeune homme de 29 ans, défiguré par une tumeur d'origine génétique.

L'homme opéré samedi était inscrit en liste d'attente depuis un an. Un seul donneur, de sexe masculin, a permis cette greffe des mains et de la face.

La première greffe partielle de visage a été réalisée en 2005 à Amiens (nord de la France) sur Isabelle Dinoire, 38 ans, défigurée par son chien. Trois ans plus tard, elle expliquait que «tout est redevenu normal question sensibilité», affirmant même : «c'est comme moi, comme ma peau».

Un Chinois de 32 ans, Li Guoxing, avait été greffé en 2006 en Chine après avoir été attaqué par un ours, mais il est mort en juillet 2008 après avoir délaissé ses médicaments antirejet, selon son médecin.