La «grippe espagnole», l'épidémie de grippe la plus meurtrière de l'histoire moderne avec des dizaines de millions de morts dans le monde, provenait d'une forme de virus de type H1-N1, comme la grippe dite porcine de 2009, peut-être venu d'un pays hors d'Europe.  

Le coût humain de l'épidémie de «grippe espagnole» est incertain mais il avoisinerait dans l'ensemble de l'Europe 2,64 millions de morts, soit 1,1% de la population, selon une équipe française qui a effectué des calculs par extrapolation.

L'équipe de l'Inserm conduite par Séverine Ansart a étudié l'impact de cette grippe dans 14 pays représentant les trois quarts de la population d'Europe (250 millions en 1918). Cette étude, réalisée en 2006, vient d'être publiée en ligne par la revue britannique Influenza and other respiratory viruses.

L'Italie a été particulièrement touchée, avec un supplément de mortalité de 172%, suivie par la Bulgarie et le Portugal (102% de plus chacun), l'Espagne (87%), les Pays-Bas (84%)... En France il y a eu 66% de morts en plus.

En général, les pays du nord ont été nettement moins touchés que les pays du sud.

L'Europe a été plus touchée que le reste du monde, sans doute, selon les chercheurs, parce qu'à la fin de la Première Guerre mondiale il y avait sur ce continent beaucoup de mouvements de population civile et armée, un système de soins en très mauvais état et une population particulièrement fragile.

La «grippe espagnole» tire son nom de la supposition qu'elle était née dans ce pays de la péninsule ibérique, mais selon les chercheurs il est fort possible qu'elle soit venue d'un foyer situé en dehors de l'Europe.

L'étude récente du génome du virus H1N1 de l'époque n'a pas permis d'établir d'où il venait, certains évoquant la possibilité qu'il vienne d'Asie, ce qui pourrait expliquer que la pandémie commence en été.

Les chercheurs ont en tout cas constaté «un haut degré de synchronisme» entre les arrivées de l'épidémie, avec les pics dans tous les pays pendant la même période de deux mois (octobre-novembre 1918). Ce qui, selon eux, plaiderait en faveur d'une origine non-européenne du virus.

La première épidémie attribuée à la grippe de tous les temps date de 1580, selon les chercheurs, et a été suivie de 31 autres, dont la plus récente date de 1968.