Certains médicaments destinés à faire baisser le cholestérol diminuent de façon importante le risque, pour un diabétique, de devoir subir une amputation «légère», selon une nouvelle étude publiée vendredi dans la revue britannique The Lancet. Le traitement n'a en revanche aucun effet sur les amputations plus importantes.

Des chercheurs australiens, finlandais et néo-zélandais ont étudié près de 10 000 patients âgés de 50 à 75 ans et souffrant d'un diabète de type 2, la forme de diabète en relation avec le surpoids et l'obésité. Environ la moitié de ces patients était traitée par un fénofibrate, un médicament qui permet de diminuer le taux de lipides dans le sang et notamment de cholestérol. L'autre moitié ne recevait qu'un placebo. Au bout de cinq ans, 115 patients avaient subi au moins une amputation à la jambe, en rapport avec leur diabète.

Le diabète abîme les nerfs et les vaisseaux sanguins. Ce qui peut conduire à une amputation dans les cas les plus graves. Un diabétique sur dix est concerné.

L'étude, publiée d'abord en 2005, avait pour objectif la prévention éventuelle des maladies cardiaques par les fénobritates. Le résultat montrait que ces médicaments étaient sans effet. En revanche, ce nouveau volet montre que le risque pour un diabétique traité de subir une première amputation est diminué de 36%, comparé au risque d'un patient sous placebo.

Les patients qui ont été amputés d'une partie de leur membre inférieur présentaient des facteurs de risque: maladie cardio-vasculaire, tabagisme, ulcères et amputations antérieures. Une amputation était dite mineure lorsqu'elle se situait sous la cheville et majeure lorsqu'elle était pratiquée au-dessus.

Le risque d'amputation mineure chez un patient sans grande maladie vasculaire était diminué de moitié dans le groupe sous fénofibrate. Le risque d'amputation majeure, en revanche, était approximativement le même. Les patients les plus grands présentaient le risque le plus important.

L'étude a été financée par les laboratoires Fournier SA, une filiale de Solvay Pharmaceuticals, qui fabrique les fénofibrates, et par le centre de recherche médicale et de santé publique australien.

À la suite des premiers résultats de 2005, de nombreux médecins s'étaient tournés vers les statines, les médicaments anti-cholestérol de référence, pour réduire les risques cardio-vasculaires et diminuer les fénofibrates.

Maintenant, «les fénofibrates pourraient bien réintégrer le jeu», a déclaré Sergio Fazio, du centre médical de l'Université Vanderbilt, qui co-signe un commentaire d'accompagnement du «Lancet». «Les fénofibrates ne peuvent pas prendre la place des statines, mais elles peuvent prendre une place à côté dans le traitement du diabète.»

Les auteurs estiment que leurs résultats pourraient modifier le traitement standard des diabétiques pour éviter les amputations. «Les fénofibrates représentent le premier traitement qui a montré une diminution de ces amputations», a déclaré Anthony Keech, de l'Hôpital royal de Melbourne, en Australie, et auteur de l'article.

Les fénofibrates entraînent cependant des effets secondaires, notamment des douleurs abdominales, des nausées, des problèmes pancréatiques et pulmonaires.