Le 100e prix Nobel de médecine a récompensé lundi l'Américano-Australienne Elizabeth Blackburn et les Américains Carol Greider et Jack Szostak pour leurs travaux sur une enzyme qui protège les cellules du vieillissement, au point d'être associée à l'immortalité.

Les trois biologistes, qui enseignent aux États-Unis, ont reçu le prix pour leurs travaux montrant comment les télomères et l'enzyme télomérase «protègent les chromosomes du vieillissement», a indiqué le comité Nobel, des découvertes faites dans la première moitié des années 80.Jack Szostak, qui est né à Londres, a grandi à Montréal et a fait son baccalauréat universitaire en biologie à l'Université McGill. «Quand je le croisais dans des congrès, par la suite, il me demandait toujours des nouvelles de son professeur de projet de fin d'études à McGill», a indiqué à La Presse Howard Bussey, professeur émérite de biologie à McGill. «Pour son projet, il avait travaillé sur les algues, alors que sa carrière a ensuite porté sur les moisissures.»

Dans une interview à la radio publique suédoise, Carol Greider a dit qu'elle était «aux anges». «Je pense que la reconnaissance des recherches scientifiques fondamentales, poussées par la curiosité, c'est très, très bien», a-t-elle ajouté.

Jack Szostak s'attend, lui, «à une grande fête bientôt».

Quant à Elizabeth Blackburn, elle a expliqué: «Nous avons fait la chasse à cette enzyme. J'ai été très heureuse quand on l'a découverte et j'ai trouvé que c'était très intéressant, que c'était un résultat très important, et on ne ressent pas ça souvent.»

C'est la première fois que deux femmes partagent la prestigieuse récompense. Mmes Blackburn et Greider sont les 9e et 10e lauréates féminines du prix de médecine depuis 1901, alors que 185 hommes l'ont reçu.

«Enzyme d'immortalité»

Elizabeth Blackburn et Jack Szostak ont montré dans une étude publiée en 1982 comment l'ADN des télomères protège les chromosomes, un résultat «saisissant» pour le comité Nobel.

Le jour de Noël 1984, la même Blackburn et son élève de 23 ans à l'époque, Carol Greider, ont découvert et donné son nom à la télomérase, parfois surnommée depuis «enzyme d'immortalité», qui rallonge les télomères.

La télomérase a aussi des aspects négatifs, car elle soulève le problème de l'équilibre délicat entre la lutte contre le vieillissement et le risque de cancer.

L'enzyme joue un rôle important dans l'évolution du cancer: à la naissance, elle est quasiment absente des cellules normales. En revanche, elle est présente dans la grande majorité des cancers, y compris les plus fréquents (prostate, sein, poumon, côlon...).

Le prix Nobel est accompagné d'une récompense de 10 millions de couronnes suédoises (1,527 million de dollars canadiens), à partager entre les trois lauréats.