Cette année, Mark Wainberg s'est rendu à la Conférence internationale sur le sida quelques jours à l'avance. Au lieu d'arriver à Vienne samedi, il est arrivé mercredi pour assister à une conférence sur l'éradication du sida.

«C'est la première fois qu'il y a une conférence seulement sur la possibilité de guérir les patients infectés par le VIH», explique le Dr Wainberg, qui dirige le Centre de recherche sur le sida de l'Université McGill. «On veut au minimum commencer à penser à la meilleure stratégie pour la guérison. Il y a de plus en plus de rencontres sur ce thème. Il y en a eu une à Saint-Martin, dans les Caraïbes, en décembre dernier et une autre la semaine dernière, à Washington, sur les «contrôleurs», les gens dont le système immunitaire parvient à tenir le VIH en échec sans médicaments.»

Ces «contrôleurs» font couler beaucoup d'encre dans les revues scientifiques. «On voit par exemple des prostituées qui ont beaucoup de relations non protégées, mais qui n'attrapent jamais le VIH, ou des couples sérodiscordants dont le partenaire non infecté le reste même sans préservatifs, dit le Dr Wainberg. C'est très rare, mais ça nous fait rêver à des moyens d'aider le système immunitaire à lutter seul contre le VIH, à l'éliminer.»

La dernière fois que cette possibilité a semblé bien réelle remonte au milieu des années 90. C'était paradoxalement dû à une capacité surprenante du virus de survivre aux antiviraux. «On avait remarqué que certaines cellules infectées par le VIH continuaient de produire du virus alors que, dans d'autres cellules, le VIH était éliminé par les antirétroviraux, dit le Dr Wainberg. Mais, finalement, ces données n'ont pas permis de trouver une cure.» Comme les cellules «dormantes» n'étaient pas actives, les antirétroviraux ne les ciblaient pas, un peu comme un soldat immobile est invisible pour des détecteurs de mouvements.

Les coûts faramineux du traitement des 30 millions de personnes infectées dans le monde, dont beaucoup habitent des pays pauvres, rendent urgente la découverte d'un moyen de guérir les patients infectés. C'est ce qu'explique Warner Greene, immunologiste à l'Université de Californie à San Francisco, qui travaille en collaboration avec l'un des leaders pharmaceutiques de la lutte contre le sida, Gilead. Ses travaux ont été décrits dans un dossier spécial de la prestigieuse revue Nature cette semaine. «Prendre des médicaments pour le reste de ses jours, comme c'est le cas avec la trithérapie actuelle, n'est pas idéal. Mais on a réussi à diminuer de beaucoup les effets secondaires.»

Parallèlement au rêve de la guérison, les chercheurs affinent les traitements. «On parle beaucoup de traitements préventifs aux antirétroviraux, dit le Dr Wainberg, pour les populations à risque comme les prostituées, par exemple. On est aussi beaucoup plus agressif, on traite la maladie plus tôt. Je crois que c'est bien accepté à Montréal. «Dans le dossier spécial de Nature, publié dans le cadre de la conférence de Vienne, on souligne notamment que le risque de mortalité augmente de 70% quand on attend que le système immunitaire soit très affaibli avant de commencer le traitement.»

Personnes atteintes du VIH dans le monde

1990: 8 millions

1995: 17 millions

2000: 27 millions

2005: 30 millions

2008: 33 millions

Morts du sida

1990: 0,5 million

1995: 1 million

2000: 1,7 million

2005: 2,2 millions

2008: 2 millions

Nouvelles infections au VIH

1990: 2 millions

1995: 3,5 millions

2000: 3,2 millions

2005: 3 millions

2008: 2,7 millions

Pourcentage de la population atteinte

Afrique subsaharienne: 5,2%

Asie du Sud-Est: 0,3%

Asie de l'Est: 0,1%

Amérique latine: 0,6%

Amérique du Nord: 0,4%

Europe de l'Ouest: 0,3%

Europe de l'Est: 0,7%

Caraïbes: 1%

Moyen-Orient: 0,2%

Océanie: 0,3%

Source: ONUSIDA