Les problèmes psychologiques rencontrés dans l'enfance peuvent avoir des conséquences économiques et sociales néfastes durant toute la vie de l'individu, selon une étude menée sur un demi-siècle auprès d'un groupe étendu de Britanniques et publiée lundi aux États-Unis.

L'analyse des informations recueillies auprès de ces personnes, dès la semaine de leur naissance puis durant cinq décennies, révèle que celles ayant eu de graves problèmes psychologiques dans leur enfance avaient à 50 ans des revenus inférieurs d'environ un quart à ceux des personnes n'ayant pas eu ces difficultés.

En outre, les enfants ayant subi des stigmates psychologiques se sont montrés, une fois adultes, moins consciencieux dans leur travail, étaient moins souvent mariés et connaissaient des relations personnelles moins stables que les autres, ont également constaté les chercheurs dont les travaux paraissent dans les Annales de l'Académie nationale américaine des sciences (PNAS) datées du 28 mars/1er avril.

«Ces résultats montrent que les problèmes psychologiques de l'enfance peuvent avoir un impact négatif considérable dans le cours de la vie d'une personne, beaucoup plus que les problèmes de santé physique», relève James Smith, économiste de la RAND Corporation, un organisme de recherche américain à but non lucratif, un des principaux auteurs de cette étude.

«Cette recherche laisse penser que davantage d'efforts pour mieux répondre à ces problèmes de santé mentale dès la petite enfance pourraient avoir d'importantes retombées économiques plus tard dans la vie», ajoute-t-il.

Ces chercheurs ont ainsi calculé que de graves problème de santé physique dans les premières années de la vie ne sont responsables que d'une réduction de 9% en moyenne des revenus du ménage à 50 ans par rapport aux participants de l'étude n'ayant pas subi ces problèmes.

Cette baisse n'est que de 3% pour des ennuis de santé mineurs, ont aussi calculé les auteurs de cette communication.

L'étude a été menée auprès de 17 634 personnes nées en Grande-Bretagne durant la première semaine de 1958.

Outre James Smith, cette recherche est signée par Alissa Goodman et Robert Joyce de l'Institute for Fiscal Studies à Londres.

Cette étude appuie des travaux antérieurs qui avaient déjà révélé l'impact négatif durable des troubles psychologiques subis dans l'enfance sur la réussite économique et le succès dans les relations sociales, soulignent les auteurs.

Une recherche parue précédemment et dont James Smith était le co-auteur révélait que les problèmes psychologiques dans l'enfance avaient un impact socio-économique majeur, et évaluait le coût à 2100 milliards de dollars au total au cours de la vie de l'ensemble des Américains affectés.

Les résultats de l'étude américaine sont très similaires à ceux de la recherche menée en Grande-Bretagne.

Le fait que les problèmes de santé mentale affectent apparemment un nombre grandissant d'enfants aux États-Unis et en Grande-Bretagne est une autre source d'inquiétude, soulignent ces chercheurs.