Un vaporisateur nasal d'insuline pourrait amenuiser les effets de la maladie d'Alzheimer, selon une nouvelle étude américaine.

«C'est sérieux au point que nous préparons une étude sur la prévention de la maladie d'Alzheimer», explique le généticien Jude Poirier, de l'Université McGill. «Si on arrivait à retarder son apparition de quelques années, le tiers des cas disparaîtraient tout d'un coup. C'est la première fois qu'on peut agir sur la physiologie de la maladie. Les médicaments actuels sont des stimulateurs de mémoire. Ils ne fonctionnent que chez le tiers à la moitié des patients, généralement pour un an ou deux, ou au mieux trois ans.»

Un collègue du Dr Poirier, embauché l'an dernier à la prestigieuse Université John Hopkins, a justement travaillé avec l'auteure principale de l'étude américaine, Suzanne Craft de l'Université de Washington, sur la côte Ouest.

La piste du diabète

Le lien entre l'insuline et l'alzheimer est soupçonné depuis longtemps, parce que les diabétiques ont plus de risque d'en souffrir. L'insuline est impliquée dans l'utilisation du glucose par le cerveau. La première étude clinique montrant les promesses de ce traitement avait été publiée en 2008.

La centaine de cobayes de l'étude, des patients d'un hôpital pour vétérans de l'État de Washington, ont reçu un placebo ou deux doses d'insuline - l'une faible et l'autre élevée - par vaporisateur nasal. Tous les patients souffraient d'alzheimer léger à modéré ou de trouble cognitif léger, un précurseur de l'alzheimer.

L'insuline à faible dose permettait d'améliorer un test de mémoire à court terme - il fallait écouter une histoire puis la raconter - mais pas la dose plus élevée. Les deux doses d'insuline stoppaient la progression de la maladie durant six mois, selon les trois tests différents qui ont été menés.

Les cas précoces de la maladie d'Alzheimer sont presque entièrement héréditaires, selon une nouvelle étude publiée par la revue Archives of Neurology. Les neurologues américains, qui ont analysé 5370 dossiers, ont calculé que la version normale de la maladie, qui frappe au troisième âge, n'est qu'à 70% héritée des parents. Par contre, la version précoce, qui sévit avant la soixantaine, est de 92% à 100% héréditaire. Il faut par contre être porteur des deux moitiés du gène (allèles) fautif pour en être victime. Avec un seul allèle, le risque d'alzheimer précoce n'est pas accru.