Des chercheurs montréalais ont découvert un nouveau somnifère qui pourrait avoir moins d'effets secondaires. S'ils reçoivent du financement, ils commenceront des essais cliniques sur les humains et déboucheront peut-être sur un nouveau médicament d'ici cinq ans.

«Nous avions décidé d'étudier, pour le traitement de la dépression, une molécule qui se lie aux récepteurs de la mélatonine», explique Gabriella Gobbi, auteure principale de l'étude publiée dans la revue Neurobiology of Disease.

«Mais nous nous sommes rendu compte que l'effet sur le sommeil était très important. Alors, nous nous sommes penchés davantage sur la question.»

Les rats et souris utilisés par la neurobiologiste montréalaise, qui a travaillé avec des collègues italiens, s'endormaient en moitié moins de temps et leur sommeil profond était amélioré. Mieux encore, l'architecture du sommeil, la proportion de temps passé dans les différents cycles du sommeil, était similaire à la normale.

«Les somnifères actuels modifient l'architecture du sommeil, dit Mme Gobbi. C'est probablement lié aux effets secondaires, comme des problèmes cognitifs le lendemain. Il y a des problèmes d'accoutumance qui pourraient aussi être réglés.»

La mélatonine, sécrétée naturellement par le corps humain, est une hormone liée au rythme circadien - à l'heure à laquelle on s'éveille et on s'endort. Elle est utilisée actuellement pour le traitement des troubles du sommeil, mais elle a un impact sur les deux récepteurs de mélatonine étudiés par Mme Gobbi. La molécule qu'elle a testée, elle, ne touche que le récepteur lié au sommeil profond. «On connaît d'autres molécules qui touchent ce récepteur, mais elles ne le font pas très bien.» Un récepteur est l'endroit dans le cerveau où une molécule se lie au corps humain.

Femmes et personnes âgées

Quelle est la suite des choses? «Pour le moment, on va continuer à étudier la molécule sur les animaux, dit Mme Gobbi. On n'a pas de financement pour des études sur les humains.»

Si ce financement était offert, combien de temps faudrait-il pour mettre un médicament sur le marché? «Au moins cinq ans», répond la chercheuse de McGill.

L'insomnie touche une proportion importante de la population: 1 adulte sur 4 se réveille toutes les nuits et 1 sur 15 a un problème clinique, selon une étude nord-américaine. Les coûts associés à ce problème dépassent les 6 milliards par année, pour l'essentiel en pertes de productivité au travail, selon une étude québécoise. Les femmes et les personnes âgées sont plus susceptibles d'en souffrir. Une personne âgée sur sept prend des somnifères en Amérique du Nord.