Les premières greffes de cellules souches embryonnaires humaines réalisées aux États-Unis ont conduit à des résultats préliminaires encourageants sur deux patientes atteintes de maladies graves de l'oeil, selon un article publié lundi dans The Lancet.

«C'est la première fois qu'on rapporte l'utilisation de ce type de cellules chez l'homme», souligne la revue britannique dans un communiqué portant sur cette expérimentation conduite par la société américaine Advanced Cell Technology (ACT) dans un institut californien.

«La greffe apparaît sûre après quatre mois et la vision des deux patientes a connu une certaine amélioration», poursuit The Lancet.

Treize ans après la découverte des cellules souches embryonnaires, ce type de thérapie, très prometteuse, demeure un sujet de controverse: ces cellules sont obtenues à partir d'un prélèvement sur un embryon humain au premier stade de développement, ce qui entraîne sa destruction.

Les cellules souches embryonnaires sont les seules cellules ayant la capacité de se différencier en tout type de cellules et de se multiplier sans limites, présentant ainsi un énorme potentiel thérapeutique.

Dans le cas de ces deux patientes volontaires, atteintes de deux maladies distinctes conduisant à la cécité, environ 50 000 dérivés de cellules souches embryonnaires humaines ont été injectés sous la rétine d'un des deux yeux.

La première, âgée d'environ 50 ans, souffre de la maladie de Stargardt, affection héréditaire de l'oeil qui conduit à une diminution inéluctable de l'acuité visuelle.

La seconde, âgée d'environ 70 ans, est atteinte de dégénérescence maculaire, première cause de cécité dans le monde développé.

«Aucune de ces patientes n'a perdu la vue» à la suite de l'intervention et «certains tests standard suggèrent une amélioration de leur vision», indique The Lancet.

Ainsi pour la première patiente, l'amélioration s'est traduite par le fait qu'elle est maintenant capable de distinguer les mouvements des doigts alors qu'avant elle ne pouvait voir que ceux de la main.

«Notre essai avait pour but de tester la tolérance et l'innocuité» de ce type de traitement, selon les auteurs de l'étude. Or, «jusqu'à présent les cellules semblent avoir été transplantées sans qu'apparaisse prolifération, tératome, rejet ou autre réaction pathologique».

Mais «un suivi continu et de nouvelles études sont nécessaires», soulignent les auteurs dans l'article. Une prochaine étape sera de traiter des patients avec des formes précoces de ces maladies, ajoutent-ils.

Advanced Cell Technology (ACT) a annoncé parallèlement le premier essai de ce type en Europe, au Moorfields Eye Hospital de Londres, avec une opération le 20 janvier sur un patient souffrant de la maladie de Stargardt.