Les hommes n'utilisent qu'une petite partie de leur cerveau pour juger de la beauté des choses, alors que les femmes se servent pour cela de la totalité du leur, mais l'appréciation est la même pour les deux sexes. Un résultat qui a surpris les chercheurs américains dont les travaux sont publiés mardi dans l'édition électronique des annales de l'Académie nationale des sciences aux États-Unis.

«On savait qu'il existait des différences entre les hommes et les femmes pour les tâches cognitives», a commenté le chercheur Camilo Cela-Conde de l'Université de Palma de Majorque, aux Baléares. «Mais pourquoi cette différence d'activité cérébrale apparaît-elle dans le domaine de l'appréciation de la beauté?»

Quand une femme considère un objet visuel, elle le relie au langage, alors que l'homme se concentre sur les aspects de cet objet dans l'espace, estime M. Cela-Conde dans une interview par courrier électronique. Toutefois, il ajoute que cela n'explique pas le pourquoi et le comment de l'évolution de la capacité d'appréciation de la beauté. «Les différences que nous avons trouvées peuvent être liées aux rôles sociaux différents qu'ont probablement joués les hommes et les femmes au cours de l'évolution».

Les chercheurs ont testé dix hommes et dix femmes. Ils leur ont montré des tableaux et photos de paysages et de scènes urbaines et leur ont demandé de noter chaque image par une mention «belle» ou «pas belle». Pendant ce temps, les scientifiques observaient les images des champs magnétiques produits par les courants électriques dans les cerveaux des sujets.

Pendant les 300 premières millisecondes, il n'est apparu aucune différence entre les cerveaux masculin et féminin. De la 300e à la 700e ms, l'activité cérébrale a été plus importante pour les objets jugés beaux que pour les autres.

Chez les deux sexes, la région la plus active a été le lobe pariétal qui contrôle la perception visuelle, l'orientation spatiale et les processus d'information, mais cette activité était concentrée sur le côté droit dans le cerveau masculin, alors que les deux côtés, droit et gauche, participaient chez les femmes.

Si l'appréciation du beau varie d'un individu à l'autre, M. Cela-Conde souligne qu'il n'a pas identifié de différences liées au sexe du sujet. «N'importe qui peut trouver beau un paysage, un immeuble ou une toile, que d'autres trouveront affreux. Mais le sexe n'a pas grand-chose à voir avec tout ça. Peut-être ces différences sont-elles liées à d'autres variables, comme l'âge ou l'éducation», suggère-t-il.

«Il est curieux qu'en utilisant différents réseaux neuronaux, le résultat final soit le même chez l'homme et la femme. Cela semble pourtant être le cas», a constaté le chercheur.