Des chercheurs travaillant pour un laboratoire de la Marine américaine ont fait part lundi de résultats d'expériences peut-être prometteurs dans la fusion nucléaire à froid, un champ de recherche dont la crédibilité est sujette à caution dans la communauté scientifique.

«À notre connaissance, c'est la première fois que des neutrons à haute énergie sont produits à partir de réactions nucléaires à faible énergie», en d'autres termes la fusion à froid, a affirmé la chimiste Pamela Mosier-Boss du Centre des systèmes de combat spatial et naval de la Marine (SPAWAR) à San Diego en Californie, co-auteur de cette recherche.

«S'il y a fusion, on doit observer des neutrons», a-t-elle ajouté dans un communiqué.

Mais, a poursuivi cette chimiste, «nous ne savons pas si une fusion s'est réellement produite puisqu'il pourrait s'agir d'une autre sorte de réaction nucléaire», qualifiant néanmoins «ces résultats de très significatifs».

Ces résultats ont été annoncés dans le cadre de la conférence annuelle de l'American Chemical Society qui se tient depuis ce week-end à Salt Lake City (Utah).

Vingt ans plus tôt, les chimistes Stanley Pons et Martin Fleischmann avaient fait sensation en annonçant avoir réussi à produire une fusion à froid, le saint graal des physiciens à la recherche d'une source d'énergie propre, bon marché et inépuisable.

Mais cette annonce spectaculaire s'était dégonflée, plusieurs équipes de scientifiques n'ayant pas pu reproduire les résultats de cette expérience.

Le physicien Paul Padley de l'Université Rice au Texas, cité dans le Houston Chronicle en ligne, et qui a examiné les travaux de Pamela Mosier-Boss publiés lundi, juge qu'il n'y a pas d'explication plausible de la fusion nucléaire dans les conditions décrites.

Ce scientifique a toutefois reconnu que la fusion pouvait produire les effets mentionnés par cette chercheuse, à savoir la production de neutrons, mais qu'ils pourraient provenir d'autres sources, ce qu'elle ne mentionne pas.

Steven Krivit, le fondateur de la revue New Energy Times qui suit les activités de recherche dans la fusion à froid depuis vingt ans, a estimé que les résultats des travaux de Pamela Mosier-Boss «sont importants».

Les neutrons produits par son expérience ne proviennent peut-être pas d'une fusion à froid mais peut-être d'un nouveau processus nucléaire inconnu, a-t-il expliqué.

«Il s'agit d'un nouveau champ de recherche scientifique se situant entre la chimie et la physique», a noté Steven Krivit.