Dans Le bonheur, c’est les autres — Guide de développement collectif, Ines de la Fressange parle de l’importance de l’amitié. La créatrice de mode et autrice constate qu’elle s’épanouit au contact des autres et que l’amitié nous rend plus heureux. Entrevue avec celle qui incarne la Parisienne, une femme qui a du style et une élégance naturelle.

Chaleureuse et décontractée, Ines de la Fressange répond au téléphone : « Ah bonjour, je pensais que c’était un livreur, car je suis en plein déménagement… Attendez, je vais prévenir mes deux copains qui sont venus m’aider à monter mon sommier », lance-t-elle.

On entre tout de suite dans le vif du sujet. Les amis, c’est fait pour donner un coup de main, non ? « Oui ! Mes amis sont adorables, j’ai un copain bricoleur qui est venu retirer une porte, un autre est arrivé avec des gâteaux et un café libanais. Vous savez, le café blanc, c’est de l’eau de fleur d’oranger dans de l’eau chaude, c’est très bon, et bien meilleur pour la santé que le café ! », s’exclame-t-elle.

« Trop souvent on n’ose pas embêter nos amis. Eh bien non, il faut oser leur demander de l’aide, et la même chose pour eux », poursuit l’ancien mannequin star de Chanel.

PHOTO BENOIT PEVERELLI, FOURNIE PAR LES ÉDITIONS FLAMMARION

Ines de la Fressange, au centre, avec Olga Sekulic à gauche et Sophie Gachet à droite, amies et coauteures du livre Le bonheur, c’est les autres — Guide de développement collectif, publié aux éditions Flammarion

On peut avoir des soucis avec le travail, les enfants, la vie. On a tous des moments de déprime, c’est normal. Il n’y a rien de mieux que d’être avec nos amis, on écoute un peu de musique et ça va mieux. Ça paraît évident, mais il y a des gens qui ne savent pas ça.

Ines de la Fressange, coauteure du livre Le bonheur, c’est les autres — Guide de développement collectif

Son livre est un guide de développement collectif où l’on trouve, dans un style léger, des conseils sur la façon d’égayer son quotidien et de rester positif. « On parle beaucoup de développement personnel, on dit et répète qu’il faut prendre soin de soi. On est dans une époque où c’est moi, moi et moi. Oui, d’accord, mais il est bien de se recentrer sur les autres. »

Précieuses amitiés

Pour Ines de la Fressange, les amis, c’est la famille qu’on se choisit. Ils sont là pour partager nos joies, nos peines, se réjouir de notre bonheur. Avec eux, on se sent à l’aise. On ne craint pas qu’ils ne nous aiment plus, on n’essaie pas de se mettre en valeur auprès d’eux, bien au contraire. « Samedi soir avec des amis, on a fait des spaghettis chez moi, on a mangé assis par terre, car je n’ai pas encore de table ni de chaises, c’était très joyeux, ce pique-nique ! »

Les amis ne viennent pas pour voir votre décoration ou vérifier si vous êtes un cordon bleu, ils viennent pour vous. Alors on lâche prise, et on s’amuse.

Ines de la Fressange

Pourtant, l’amitié a été mise à mal pendant la pandémie. On a voulu éviter certains sujets qui fâchent, comme le vaccin ou le respect des mesures sanitaires. « C’est comme parler de politique, c’est très délicat. Je pense que c’est plus important de garder l’amitié que de vouloir argumenter et avoir raison. Il faut éviter de faire la morale, souligne-t-elle. Les amis ont des qualités et des défauts, ils ne sont pas parfaits, nous non plus. Il y a des amis que je ne vois pas pendant six mois ou un an, et hop, ça repart dès qu’on se voit. Il ne faut pas en vouloir aux amis, si on a envie de les appeler, on le fait spontanément. »

Elle croit que nos amis sont souvent plus nombreux qu’on le pense. « Si vous faites la liste des gens que vous aimez bien, vous verrez, il y en a pas mal. Ça peut être des copains et des amis ! Pourquoi être si exigeant avec les gens ? On peut se refaire des amis à n’importe quel moment de la vie. On vit très vieux, et avoir des amis plus jeunes, c’est bien pour se tenir au courant de ce qui se passe !

« Avant-hier, j’ai une copine suisse que j’ai connue quand j’avais 11 ans, j’en ai 64, qui était de passage à Paris. Elle m’a contacté par Instagram, et on s’est retrouvées autour d’un verre. On a plein de points communs, on a passé un très bon moment ! Est-ce que c’est une amie alors que je ne l’avais pas vue depuis 50 ans ? Il suffit que je décide ! C’est une amie retrouvée ! »

Femme du monde

Ines de la Fressange a publié en 2010 le livre La Parisienne, devenu un vrai succès avec 1 million d’exemplaires vendus dans le monde. « La Parisienne, c’est un état d’esprit, des Parisiennes, il y en a partout, à Montréal aussi ! C’est le fait de se débrouiller avec les moyens qu’on a sans acheter des marques, c’est s’amuser avec la mode sans suivre les tendances et être bien dans ses baskets. »

PHOTO LUCAS BARIOULET, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Ines de la Fressange lors de l’évènement qui célébrait les 70 ans de la maison Pierre Cardin, à Paris en septembre 2021

Elle a aussi sa propre marque de vêtements et d’accessoires et collabore avec Uniqlo depuis neuf ans. Une union qui la surprend. « C’est fou, c’est la plus longue des collaborations. On dirait un mariage ! Dix-sept collections. Ça me flatte beaucoup de voir qu’à Montréal, Tokyo, Miami, Rome, Madrid, les vêtements plaisent. Je suis ravie que ce soit aussi universel sans être ennuyant ! Nous, les femmes, on a une connivence, une complicité, on a des points communs. C’est notre force, et ça m’aide beaucoup dans mon travail de créatrice, et je ne pense pas que les femmes soient si différentes de moi, quel que soit leur âge. »

Le bonheur, c’est les autres — Guide de développement collectif

Le bonheur, c’est les autres — Guide de développement collectif

Éditions Flammarion

160 pages