« Elle me ressemble. » « Elle a des tresses comme moi. » Les vidéos de petites Afro-Américaines émues, les yeux grands ouverts, s’émerveillant devant les premières images de la « nouvelle Ariel » sont devenues virales sur les réseaux sociaux ces derniers jours.

L’actrice et chanteuse afro-américaine Halle Bailey, qui incarne le personnage dans la nouvelle adaptation de Disney de La petite sirène (prévue pour mai 2023), a elle-même tweeté avoir versé quelques larmes en voyant la vidéo d’une petite fille noire qui découvrait avec ravissement la bande-annonce où elle interprète la chanson Part of Your World.

Regardez la vidéo et lisez le message d'Halle Bailey (en anglais)

« On est en train d’offrir la possibilité à ces petites filles-là de rêver, de penser qu’elles aussi peuvent être des princesses, être uniques », souligne la docteure en psychopédagogie et professeure Marie-Claire Sancho.

Regardez un montage de réactions (en anglais)

Elle insiste sur l’importance d’offrir aux jeunes des modèles auxquels ils peuvent s’identifier, dans des films cultes autant que dans les médias. « Je me rappelle la première petite fille noire dans un film de Disney, La princesse et la grenouille ; après, il n’y en a plus eu. »

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Marie-Claire Sancho, docteure en psychopédagogie et professeure

Si une petite fille noire ou arabe est représentée de façon positive dans les médias et dans les films, ça va avoir un impact direct sur son estime de soi et l’image qu’elle se fait de son identité collective. Alors si on fait juste montrer des petites filles blondes aux yeux bleus, il n’y a pas d’identification et la motivation intrinsèque – “moi aussi, j’ai envie de devenir comme ça” – est inexistante.

Marie-Claire Sancho, docteure en psychopédagogie et professeure

Une représentativité « capitale »

La professeure de marketing à l’Université d’Ottawa Myriam Brouard estime elle aussi que la représentativité dans les médias et les films est « capitale ». « On commence à créer notre image de soi très jeune et les choses auxquelles on est exposés jouent beaucoup dans la façon dont on va se développer. »

« Le manque de représentation fait que les gens ne peuvent pas s’imaginer dans certaines situations, par rapport à l’emploi, par exemple. Quand on voit un film, on parle de fantaisie, alors c’est encore plus important d’être capable de se projeter dans des mondes imaginaires », indique Myriam Brouard.

« L’imagination est très importante pendant la période de la petite enfance. C’est une période où l’imaginaire, la créativité des enfants, va les forger, les former, cristalliser leur estime de soi et ce qu’elles veulent faire », renchérit la Dre Marie-Claire Sancho. Le fait de s’identifier à quelqu’un fait également en sorte qu’on est motivé à le prendre comme modèle, précise-t-elle. « C’est une forme de visualisation. Une fois qu’on s’identifie, c’est comme si on se disait : “Moi aussi, je peux faire ça.” »

Ces petites filles qui se reconnaissent dans les traits d’Ariel voient également leur estime collective renforcée, à son avis, puisque leur fierté envers le groupe auquel elles appartiennent est augmentée.

Myriam Brouard ajoute qu’il est d’autant plus essentiel d’avoir différents types de représentation, surtout dans des rôles qui ne sont pas auxiliaires. « Souvent, on voit un type de famille, un type d’enfant… C’est vraiment important de pouvoir varier, d’être capable de représenter la réalité – et la réalité, c’est qu’on a une belle diversité au Québec, au Canada, aux États-Unis, et ça devrait être mis de l’avant. »